La plage de Saint-Martin-d'Ardèche pourrait disparaître au profit de la biodiversité de la rivière

La plage de Saint-Martin-d'Ardèche pourrait disparaître au profit de la biodiversité de la rivière, l'Etat voulant faire disparaître une digue qui gêne une espèce de poissons en voie d'extinction, l'apron du Rhône.

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La plage, gratuite, est surveillée en juillet août tous les après-midi à Saint-Martin-d'Ardèche, mais le site va-t-il disparaître ? L'Etat souhaite supprimer une digue pour assurer la continuité écologique de la rivière, et la mairie entame un bras de fer pour protéger sa plage et son site touristique.

La "continuité écologique des rivières"

C'est la loi sur l'eau qui est à l'origine de ce débat : elle prévoit la nécessité de la "continuité écologique des rivières". Car il faut dire que les poissons ne peuvent plus remonter le cours de l'eau à cause de l'obstacle que représente la digue. Le poisson en question s'appelle l'apron du Rhône.

Le "roi du Doubs" présent dans l'Ardèche

Encore appelé "roi du Doubs", il est considéré comme en voie d'extinction et inscrit à l’annexe 2 de la directive Habitats et donc considéré, comme son habitat, d’intérêt européen. On le considère comme un bon indicateur de la qualité des cours d'eau, car étant très sensible aux modifications physiques et biochimiques de son environnement. L'espèce semble avoir récemment disparu des parties de cours d'eau où la température dépasse fréquemment les 28 °C suite aux effets combinés des prélèvements d'eau et du réchauffement climatique (le Gard, la Cèze, la Durance ou l'Ardèche en aval). On le savait présent sur quelques 2.200 km de linéaire de cours d’eau au XXe siècle, il occuperait moins de 200 km aujourd’hui.

Aujourd'hui une passe à poisson existe bien à Saint-Martin, mais force est de constater qu'elle est en permanence ensablée et donc inefficace.

"Ce ne serait pas le même village"

A la sortie des gorges de l'Ardèche, le site, pavillon bleu, accueille de nombreux baigneurs en été et toute l'économie qui les accompagnent : les restaurants, les locations de canoës etc., tous regroupés derrière leur mairie pour trouver une solution.

"Je viens régulièrement ici profiter de la plage avec mon fils, faire des pique-niques. C'est un lieu important pour nous" témoigne une mère de famille qui profite du soleil et des températures très douces avec sa famille. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle tient à sa plage: "C'est un lieu de baignade. On aime bien en profiter. Faire disparaître la plage, ce serait dramatique pour les commerces et toute la vie de la région qui est autour. Ce serait un manque, ce ne serait pas le même village sans la plage."

"S'il n'y a pas de plage, vous faites quoi ?"

A côté de la plage, le boulanger Josselyn Zanakalona, lui non plus, n'en revient toujours pas : "Si la digue est détruite, le niveau de l'eau va baisser, et il n'y aura plus de plage. On sera bon pour aller se pendre! Ça nous amène des clients. L'hiver, il n'y a personne. Si l'été on n'a pas de monde, c'est fini pour nous. S'il n'y a pas de plage, vous faites quoi? Vous regardez l'eau passer?"

L'Etat campe sur ses positions

Hier une réunion a rassemblé toutes les parties prenantes de ce dossier, et pour l'instant l'Etat campe sur sa position, c'est-à-dire une destruction totale de la digue. "Pour nous, c'est innacceptable. Eradiquer la digue ferait baisser le niveau de l'eau d'1 mètre 50, et un recul de la plage de 30 mètres" nous précise Daniel Delvas, le maire de Saint-Martin-d'Ardèche.

Plusieurs scénarios sont à l'étude: la destruction totale de la digue, financée par l'Etat, ou la reconstruction d'une nouvelle passe à poissons avec un réaménagement de la structure, dont le financement doit encore être trouvé. Le budget d'un tel projet serait de 400 à 450.000 euros minimum. Une chose est sûre, la municipalité de Saint-Martin ne pourra pas l'assumer seule. "Pour une commune de moins de 1.000 habitants, cela n'est pas supportable, c'est impossible" pour M. Delvas, qui en appelle à la région, aux deux départements concernés l'Ardèche et le Gard, ainsi qu'aux communautés de communes. 

 

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