L'historien Alain Martinot a fait don de sa collection de dessins de Robert Petit-Lorraine, au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Ardèche. 200 dessins réalisés pendant la seconde guerre mondiale, 200 instantanés de notre histoire.
Depuis un an, Alain Martinot reçoit régulièrement des œuvres du résistant Petit-Lorraine sans mention de l'expéditeur. L'historien, spécialiste du dessinateur, déjà à la tête d'une très belle collection, a mené son enquête mais le mystère reste entier.
"Je ne sais pas qui s'est, honnêtement. J'ai cherché des gens qui connaissaient Petit-Lorraine et qui sont encore en vie. J'en ai sollicité quatre, aucun n'est à l'origine des envois".
Un témoignage historique
A travers son art, Robert petit-Lorraine, fervent résistant, dénonce les traitres comme Pétain, condamne les collabos et même caricature Hitler. Celui qui fut le dessinateur attitré du journal des FTP a dessiné des affiches de propagande et de très belles œuvres. Il a raconté la guerre comme un chroniqueur, remplaçant le mot par le trait mais usant aussi de slogans bien sentis sur ses affiches pour interpeller, faire réagir et condamner.
Petit-Lorraine défend les valeurs républicaines de liberté et de justice. Ce sont les deux maîtres mots que l'on retrouve dans son engagement pictural.
Alain Martinot, Historien
Alain Martinot a un profond respect pour l'artiste, son œuvre et ses convictions humanistes. "Il faut savoir que Petit-lorraine avait une attirance pour le dessin et plus particulièrement pour le trait, la ligne. Il défend les valeurs républicaines de liberté et de justice. Ce sont les deux maitres mots de son engagement pictural".
Une collection bientôt exposée
L'historien a fait don de tous ses documents au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Ardèche. Plus de deux cents pièces, pour la plupart bien conservées. Rémi Fourche, directeur du musée, est très fier de cette collection. "Emotionnellement c'est très fort, car c'est quelque chose de rare qui nous arrive. On peut recevoir une affiche, un dessin, mais autant à la fois et d'une si grande qualité avec des expressions extraordinaires sur les portraits des personnes, c'est vraiment quelque chose d'exceptionnel".
Des scènes de la vie quotidienne dans le maquis, des scènes de bataille dans le massif du Coiron, des portraits exécutés au pastel, au fusain ou à l'encre... le résistant dessinateur croque des scènes de la vie quotidienne, autant de témoignages de notre histoire. "Vous avez des dessins qui sont importants comme le retour des prisonniers qui n'existent pas beaucoup en photos".
Toutes ces pièces vont être photographiées, inventoriées, numérisées et parfois restaurées. "On s'immerge dans la résistance. On a vraiment l'impression qu'il y a quelque chose qui transparait des œuvres et on est absorbés par elles.
Dans la collection, il y a aussi des portraits de personnes disparues ou fusillées. C'est quelque chose, là aussi, d'assez fort" explique Rémi Fourche.
Un long travail de recherches historiques attend le musée pour offrir aux spectateurs une exposition sur Robert Petit-Lorraine, peut-être pour cet été