Les Arméniens de Grenoble commémorent, ce jeudi 24 avril, le génocide perpétré il y a 99 ans sous l'empire ottoman, au lendemain d'un geste inédit et inattendu de la Turquie, qui a adressé ses condoléances aux descendants des victimes de ce drame qu'elle ne reconnaît pas comme un génocide.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'est adressé de façon inattendue aux descendants des Arméniens tués au cours de la Première Guerre mondiale par les forces ottomanes. Dans un communiqué, il a évoqué des "événements qui ont eu des conséquences inhumaines" et dit: "Nous présentons nos condoléances à leurs petits-enfants", évitant de prononcer le mot "génocide" que la Turquie, qui a remplacé l'empire ottoman en 1923, nie catégoriquement.
Le 24 avril 1915, le gouvernement jeunes-turcs ordonnait la déportation vers la province ottomane de Syrie de centaines de milliers d'Arméniens accusés de collaborer avec l'ennemi russe. Selon les Arméniens, 1,5 million des leurs furent tués lors des persécutions et déportations. La Turquie reconnaît des massacres qui ont coûté la vie à 300.000 personnes, tout en refusant le caractère génocidaire des événements reconnu par de nombreux pays, dont la France.
Cette journée du 24 avril est commémorée dans le monde entier par la diaspora arménienne. A Grenoble, une cérémonie a eu devant la stèle qui rappelle les événements dans le Parc Paul Mistral.
Des Arméniens partagés après la déclaration du Premier ministre turc. Certains y voient une volonté d'atténuer les critiques qui fuseront sur la Turquie à l'occasion du centenaire des faits, en 2015.
La communauté arménienne de Grenoble
Sur le bassin grenoblois, la communauté arménienne est forte de 5000 membres. Les Arméniens sont arrivés à Grenoble vers 1924. Issus du monde paysan de Smyrne, ces migrants sont d'abord devenus ouvriers dans la capitale des Alpes. Ils ont été nombreux à travailler aux Biscuiteries Brun, dans les entreprises textiles d'Echirolles, aux Chocolateries Cémoi et Dauphin et dans les tanneries. 3e communauté étrangère de l'Isère dans les années 30, les Arméniens ont ensuite basculé dans le monde du commerce, en raison de la crise économique.
En Rhône-Alpes, on compte aujourd'hui 25.000 habitants d'origine arménienne.