Après les affrontements qui ont eu lieu en marge du festival vendredi soir, le maire d'Aurillac, Pierre Mathonier a réagi au micro d'une de nos équipes. Il déplore les violences et explique que le dispositif de sécurité est nécessaire pour la survie du festival.
F3A : Comment s'est passée la nuit ?Pierre Mathonier : "La nuit a été très calme. Les événements malheureux qui ont eu lieu vers 18 heures ont été prévus et organisés par une trentaine de casseurs qui étaient là pour en découdre et qui n'étaient pas intéressés par le festival. Ils n'avaient qu'une intention : affronter les forces de l'ordre. Ce rassemblement était annoncé, colporté par une compagnie qui ne fait pas partie du théâtre de rue et qui avait appelé à se rassembler à cet endroit parce qu'ils considèrent que ce dispositif est attentatoire à la liberté des festivaliers."
Quelle est votre réaction après ce qu'il s'est passé ?
"Je l'ai très mal vécu parce que je sais en tant que maire tout le travail qu'ont réalisé l'association Éclat, les forces de l'Etat, les services municipaux et je sais aussi l'investissement que ça représente pour les artistes de venir à Aurillac. Et quand on voit que des personnes dont l'intention est uniquement de détruire manipulent des festivaliers de bonne foi mais qui n'ont pas compris l'enjeu réel du dispositif de sécurité mis en place, quand on voit que c'est manipulé avec l'intention de détruire le festival, de détruire la culture, et bien ils deviennent complices des terroristes qui sont intervenus à Nice."
Où en est-on ce matin ?
"Ce matin, nous avons fait une réunion de sécurité. Il est bien sûr incontournable que le dispositif de sécurité et notamment le dispositif anti-attentat soit remis en place et fonctionne. Il en va de la sécurité des familles et des festivaliers, de la responsabilité du préfet et de celle du maire. Personne ne souhaite qu'il y a ait des attentats et que la vie des personnes soit mise en danger par quelques cinglés.
Des interventions comme hier qui visent à détruire un dispositif qui est là pour protéger, pour permettre que l'art s'exprime dans la rue, cela met en péril le festival lui-même. Il faut comprendre qu'aujourd'hui, personne ne peut supprimer le dispositif de protection car il vise à protéger tous les festivaliers, les artistes, les gens qui viennent pour s'amuser à Aurillac. C'est un dispositif incontournable, j'ai peur que ce dispositif, on doive le subir pendant un certain nombre d'années si la situation nationale et internationale ne s'apaise pas.
Il faut comprendre que ce dispositif est nécessaire pour la protection des personnes, pour que la création dans l'espace public puisse se poursuivre et si on ne pouvait pas le maintenir, c'est la vie même du festival qui serait en jeu. Il faut l'entendre parce qu'aujourd'hui, Aurillac est un festival extraordinaire ! Il y a des gens qui prennent beaucoup de plaisir, des gens qui font un travail considérable, c'est un lieu de création artistique extraordinaire, c'est une ville qui accueille ! Il y a des habitant dont le quotidien est perturbé, donc il convient pour nous de maintenir ces dispositifs car il en va de la sécurité de chacun.
Encore une fois, quand je vois des manipulateurs qui essaient de détruire le festival avec des arguments pseudo-libertaires ... ces personnes, en réalité, n'organiseront rien si le festival n'a pas lieu. Il n'y aura plus rien, le vide ! Il faut l'entendre, le dire aux troupes et aux spectateurs qui viennent prendre du plaisir à Aurillac."
Comment vous envisagez le festival pour l'année prochaine ?
"On se battra pour qu'il ait lieu. Mais quand on a des actions comme ça, ça interpelle tout le monde. Si on ne peut pas tenir la sécurité, comment on peut prendre la responsabilité d'organiser un festival ? Il faut comprendre que l'enjeu aujourd'hui touche la survie du festival.
On est malheureux, on est tristes pour tous ceux qui font que ce festival vit au quotidien et surtout, on est tous des amoureux des arts de la rue, donc il faut entendre et apaiser. Je compte sur les festivaliers et sur les artistes pour véhiculer ce message : aujourd'hui, on est dans une situation exceptionnelle et on le vit de façon exceptionnelle.
Ça ne fait plaisir à personne de voir les barrières. Personne ne les souhaite. Si on les met, c'est parce qu'on considère qu'il faut protéger les personnes. Imaginez ce soir, on a un spectacle avec 6.000 personnes. Comment on peut annoncer à des familles que le dispositif de sécurité ne sera pas mis en place parce qu'il est attentatoire à la liberté de quelques personnes ? C'est inadmissible.
Je suis révolté par l'attitude de ces personnes qui ont manipulé des jeunes. Il y a une intention malsaine au départ. Et quand je vois le document écrit qui a été communiqué et qui explique qu'il ne faut pas encager le festival, c'est eux qui l'encagent. Ils l'encagent dans les esprits en oubliant de dire qu'on est dans une situation particulière et que ce dispositif, ni le maire ni le préfet ne souhaitent le faire durer. Ce qu'on souhaite, c'est retrouver le festival tel qu'on l'avait. Aujourd'hui, on doit assurer la sécurité des personnes, c'est notre rôle, c'est notre mission. S'il y avait demain un ou deux morts même parmi les imbéciles qui ont provoqué ces événements, ce seraient les premiers à dire : "on n'a pas été protégés !"
Pour moi, c'est une révolte parce que la ville est fortement mise à contribution. Je remercie les Aurillacois et les Aurillacoises parce que tout le monde n'est pas favorable au festival. Les gens en ont parfois marre d'avoir des individus qui se comportent mal dans leur jardin ou dans leur rue. Il faut l'entendre. C'est un choix que fait la ville de maintenir ce lieu car c'est un lieu de création. Je suis convaincu que l'art est ce qui sauve notre société donc quand on attaque le fondement de l'art, la sécurité de l'espace public, qu'est-ce-que ça veut dire ? Est-ce qu'on veut détruire l'art ? Est-ce qu'on veut montrer que l'Etat français est un état répressif ? C'est scandaleux pour tous ceux qui luttent pour ce festival et qui veulent que l'art continue dans la rue."