Des parents d’élèves d’un lycée de Saint-Flour (Cantal) se sont rassemblés lundi 4 avril pour alerter. Ils dénoncent des professeurs pas remplacés et des cours non assurés, qui pourraient selon eux pénaliser les élèves.
Les parents d’élèves du lycée Haute-Auvergne de Saint-Flour (Cantal) étaient appelés à se rassembler lundi 4 avril à 18 heures. Selon eux, les professeurs absents ne sont pas remplacés. Antoine Lemoine, parent d’un élève de 1ère, est très inquiet pour son fils : « En faisant le cumul des heures manquées, des enseignants qui sont absents soit pour formation soit pour maladie et qui ne sont pas remplacés, mon fils a manqué 130 heures de cours depuis le début de l’année. Il a des spécialités math-physique-SVT et il passe le bac de français. Sur ces 130 heures, il y 40 heures de français, 30 heures de physique et 30 heures de SVT. » Laurent Bouillin, proviseur du lycée, confirme : « Effectivement, on a 2 enseignants absents qui ne sont pas remplacés depuis un certain temps. Ça pose des problèmes et des inquiétudes bien compréhensibles de la part des parents, surtout pour les élèves de 1ère qui voient les épreuves anticipées arriver. C’est un gros souci. »
On est inquiets, on a peur qu’ils passent un bac de français au rabais.
Antoine Lemoine
Dans ce lycée du Cantal, certaines classes n'ont pas de professeur en physique depuis mi-novembre et en français depuis le mois de février : « Pour ceux qui cumulent français et physique, ça fait à peu près 130 heures. Tous les TZR (Titulaires Zone de Remplacement) sont affectés à l’année depuis la rentrée dernière. Avec l’éloignement, les étudiants ne sont pas intéressés pour venir faire quelques heures à Saint-Flour… Les contractuels ne sont pas intéressés », confirme Laurianne Rieutord, enseignante et représentante syndicale CGT Educ’action qui signale également d’autres absences côté lycée professionnel.
Des inquiétudes autour des épreuves anticipées
Ces heures manquées sont une source d’angoisse pour les élèves, en particulier ceux qui passent des examens à la fin de l’année : « Ca inquiète les enseignants de ne pas être remplacés. Ceux qui sont en poste aujourd’hui font le maximum mais il n’y a personne. Ça inquiète aussi les élèves. Ils ne sont pas très bien. C’est l’année par exemple où ils n’ont pas passé le brevet à cause du Covid. On a peur qu’ils passent un bac de français au rabais. Ça en prend le chemin. Mon fils envisage de faire une classe prépa et il se dit que dans les autres lycées, les enfants sont mieux préparés. Rien n’est fait parce qu’il n’y a pas d’enseignants. Je trouve ça lamentable », s’indigne Antoine Lemoine. Laurianne Rieutord précise : « Plusieurs demandes ont été faites. Il y a surtout des inquiétudes par rapport au bac car il y a des élèves de 1ère qui n’ont pas français depuis des mois et ils ont l’épreuve de français à la fin de l’année. Il a été demandé des aménagements pour les examens. Le proviseur nous a dit qu’il ne fallait pas compter sur des remplacements car même au niveau du rectorat il n’y a personne. »
Une demande de dérogation
Antoine Lemoine est très inquiet pour son fils et les examens qui se profilent : « L’urgence absolue, c’est l’épreuve de français, qui comporte un oral avec une vingtaine de textes à connaître. Ils n’en ont appris que sept pour l’instant. » Conscient de ces problématiques, le proviseur Laurent Bouillin tente de trouver des solutions : « Je ne peux que partager les inquiétudes. La priorité est sur les classes de 1ère. J’ai échangé avec les inspecteurs de la discipline, on a possibilité de demander une dérogation par rapport au nombre de textes que les élèves doivent présenter à l’oral. La situation du lycée fait qu’on aura des dérogations pour les élèves qui n’ont pas pu avoir leurs heures de français. Des aménagements vont tenir compte de cette problématique. Pour l’année prochaine, avec le rectorat, on souhaite avoir l’assurance que des moyens supplémentaires seront donnés, mais il faut des personnes pour rattraper, notamment pour les élèves qu’on a identifiés. Il faut du personnel, on souhaiterait mettre en place des dédoublements ou des heures supplémentaires » .
"C’est l’éducation de nos enfants qui se joue"
Lundi 4 avril, les parents d’élèves présents ont été reçus par le proviseur du lycée. « On a l’impression qu’il y a un manque d’enseignants, qu’il n’y a pas eu le recrutement nécessaire. Il n’y a personne. Les moyens mis en place pour essayer de trouver des professeurs remplaçants ne sont pas là », estime le père de famille. « Tout le monde se renvoie la balle, l’établissement nous dit qu’il n’y a pas d’enseignants, le rectorat nous dit qu’ils n’ont pas reçu une enveloppe suffisamment importante de la part du ministère de l’Education Nationale… Le problème c’est que c’est l’éducation de nos enfants qui se joue et qu’il n’y a personne pour leur donner des cours ! »
"On n'a personne"
Le proviseur Laurent Bouillin assure pourtant avoir tout tenté pour remplacer les absents : annonces postées, bouche-à-oreille, coups de téléphone à des connaissances, mais en vain. « On a des enseignantes qui ont pu assurer quelques heures de remplacement. Chaque classe de 1ère dont l’enseignante n’est pas remplacée a pu avoir 2h30 de français par semaine pour assurer une base et pouvoir continuer à travailler à minima le français. On n’a pas la totalité des heures car les enseignantes qui font ces heures supplémentaires, c’est en plus de leur service. Au niveau du vivier de remplaçants, on n’a personne, que ce soit au niveau des TZR ou des contractuels, il n’y a personne » Un nouveau rassemblement est prévu samedi 9 avril à Saint-Flour. Contacté, le rectorat n'a, pour l'heure, pas donné suite à nos demandes d'interview.
