Selon le CNC, la réforme des crédits d'impôt à la production de fiction a provoqué une relocalisation des tournages en France et une hausse des dépenses de 53 % en région entre 2015 et 2018. En Auvergne-Rhône-Alpes, sur la même période, ces dépenses ont baissé de 27%.
Auvergne-Rhône-Alpes à la traîne ... une phrase que l'on est peu habitués à lire et pourtant bien réelle en terme de fiction audiovisuelle, aussi bien française qu'étrangère.
L'explication, on la trouve dans un rapport au titre un peu austère qui a été rendu par le Centre national du Cinéma et de l'image animée (CNC) : 51 pages d'analyses sur les "retombées de la réforme du crédit d'impôt cinéma et audiovisuel".
Impact de la réforme des crédits d’impôt en régions - suivi 2015/2018
Une réforme des crédits d'impôt qui dope les dépenses de tournage en France
En préambule, le CNC explique que la réforme des crédits d'impôt pour la création cinéma et audiovisuelle a permis de relocaliser en France des tournages (en 2018, +137 millions d'euros de dépenses en France par rapport à 2015 pour le crédit d'impôt cinéma et 271 M€ supplémentaires pour le crédit d'impôt audiovisuel).
Et en région, cette relocalisation a généré une augmentation des dépenses de tournage de 142 M€ par rapport à 2015 soit ... 53%, sonnez tambours et trompettes...
Auvergne-Rhône-Alpes en net recul
Le hic, c'est beaucoup de régions en ont profité mais pas la nôtre. Alors qu'Île-de-France, première région de tournage, est aussi la première bénéficiaire de cette dynamique avec 37 M€ de dépenses supplémentaires en 2018 (+28%) à 169 millions d'euros, Auvergne-Rhône-Alpes affiche une baisse de 4,128 M€ (-27%) des dépenses entre 2015 et 2018 (avec 11 millions d'euros pour cette dernière année).
PACA et Nouvelle-Aquitaine trustent les tournages
En fait, notre région est battue à plate couture -en valeur et en taux de progression- par (outre Paris et sa région) :
- Provence-Alpes-Côte-d'Azur avec, en 2018, 70 M€ de dépenses de tournage (+40% en 3 ans),
- Nouvelle-Aquitaine qui passe de 7,717 M€ à 66 M€ (+... 750%)
- l'Occitanie (26 M€, +145%)
- Hauts-de-France (17 M€, +9,5%)
En résumé, les régions qui ont le plus bénéficié des mouvements de relocalisation des tournages français et d’attraction des tournages étrangers sont :
- Nouvelle-Aquitaine (+ 58 M€)
- Ile-de-France (+ 37 M€)
- PACA (+ 20 M€),
- Occitanie (+ 15 M€)
- Grand Est (+ 10 M€)
- Normandie (+ 7M€).
Le cas des films d'animation
La filière de la production d’animation a profité de la réforme des crédits d'impôt. Les dépenses en France engendrées par la fabrication de ces œuvres ont presque doublé entre 2015 et 2018, de 162 M€ à 311 M€, mais on ne dispose pas de chiffres régionalisés concernant l'évolution des dépenses de fabrication.Le marché de l'animation en 2018 en France
En revanche, on peut observer l'évolution des effectifs dédiés à la production de films et programmes d'animation. De fait, grâce aux crédits d'impôt, le secteur a "massivement relocalisé ses studios en France", après des années d'externalisation de prestations en Asie (Xilam à Villeurbanne par exemple). Pourtant, la part régionale reste modeste en terme d'effectif et de progression de ses effectifs.
En 2018, le département de la Drôme (de loin le plus fourni dans la région en opérateurs d'animation avec les studios Folimages ou Teamto) représente 6% des effectifs de l'animation en France (492 salariés en 2018, contre 315 en 2013), contre 79 % pour Paris et Hauts-de-Seine (5345 en 2018 contre 4144 en 2013) et 16% pour la Charente (966 en 2018 contre 541 en 2013).
L’emploi dans la production de films d’animation et d’effets visuels
2018 : des productions prestigieuses, mais ... peu chez nous
107 films français bénéficiaires du crédit d’impôt cinéma ont tourné en régions, dont :Mon chien stupide – 9 M€ de budget, 40 jours de tournage en Nouvelle-Aquitaine. Sortie le 30 octobre 2019.
Hors Normes – 13 M€ de budget, 54 jours de tournage en Ile-de-France. Sortie le 23 octobre 2019.
Benedetta – 16 M€ de budget, 47 jours de tournage en PACA. Sortie en 2020.
139 œuvres françaises bénéficiaires du crédit d’impôt audiovisuel ont tourné en régions, dont :
Un si grand soleil – 38 M€ de budget, 382 jours de tournage multi-plateaux en Occitanie.
Le temps est assassin - 15 M€ de budget, 70 jours de tournage en Corse.
Cherif (saison 6, épisodes 49 à 60) – 12 M€ de budget, 72 jours de tournage en région Grand Est et 16 jours en Auvergne-Rhône-Alpes
Fictions étrangères : l’activité des régions hors Ile-de-France a été multipliée par 6 depuis la réforme, portée par des œuvres telles que :
The French Dispatch – 27 M€ de dépenses en France, 19 jours de tournage en Nouvelle-Aquitaine.
Riviera (saison 2) – série Sky – 27 M€ de dépenses en France, 124 jours de tournage en PACA.
Death in Paradise (saison 8) – série BBC – 6 M€ de dépenses en France, 101 jours de tournage en Guadeloupe.