Travailler en pleine nature en échange du gîte et du couvert, c'est le principe du wwoofing. En Isère, Savoie et Haute-Savoie, près de 80 exploitants agricoles accueillent régulièrement des wwoofeurs. Juste avant le reconfinement, ils ont été débordés d'appels.
Pour de nombreux étudiants, c'était l'occasion de voyager à moindre frais dans le monde entier tout en s'initiant aux savoir-faire et aux modes de vie biologique. Mais ces derniers mois, avec la crise sanitaire et la fermeture des frontières, les demandes de wwoofing émanent surtout du territoire. Et dans les Alpes notamment, elles ont explosé. De nombreux jeunes proposent leurs services aux exploitants agricoles en échange du gîte et du couvert. Une solution pour échapper au confinement en ville souvent mal vécu.
L'attrait de la campagne
Bernard Garcia de l'élevage du Percy, un élevage de chevaux situé dans le Vercors l'affirme, les coups de fil de wwoofeurs se sont multipliés ces dernières semaines. Idem, à la ferme Permaland, qui applique les grands principes de la permaculture à Montseveroux, dans le nord du département de l'Isère. A la ferme la Champagne, un élevage d'ovins situé à proximité du Parc National des Écrins, Aline Bardou confime. Cette éleveuse de brebis a été débordée d'appels juste avant le reconfinement. Habituée à recevoir un seul woofeur à la fois, elle a accepté, à titre exceptionnel d'en accueillir trois "non pas par besoin de main d'oeuvre sur mon exploitation" précise-t-elle mais pour éviter à ces jeunes de se confiner "dans une chambre d'étudiant riquiqui".Jeff, 28 ans, est l'un de ces wwoofeurs. Il nous explique avoir contacté plusieurs exploitations agricoles avant d'être accepté in-extremis chez Aline. Ce qui a été déterminant, c'est qu'il loge dans son camion, car Aline avait déjà accepté d'accueillir Yohan, un étudiant grenoblois, et Claire-Anne, qui vient d'obtenir son diplôme d'ingénieur agronome. N'ayant pas encore trouvé de travail, Claire-Anne a souhaité quitter son petit appartement du centre-ville de Grenoble pour se confiner à la campagne et en profiter pour acquérir une expérience de terrain dans l'élevage de brebis. "J'ai déjà fait des stages, mais pour moi c'était l'occasion de découvrir le concret du métier" raconte-t-elle.
C'est pas des vacances !
Car le wwoofing, ce n'est pas des vacances. A la ferme la Champagne, la période de l'agnelage vient de se terminer et il y a du travail. Il faut marquer les agneaux et retrouver leurs mères pour reconstituer les couples, soigner les brebis boiteuses... "Y'a la vie, y'a la mort dans une exloitation. La vie à la ferme, ce n'est pas un petit selfie avec les agneaux comme j'ai souvent vu faire" explique Aline, "souvent pour des gens qui vivent en ville, se confronter à cette réalité-là, c'est difficile".Jeff, lui, est bien conscient de tout cela. S'il est venu à la ferme, c'est qu'il a un projet d'installation et qu'il voulait d'abord se tester. Il est bien tombé chez Aline car le travail est varié et c'est ce qu'il attendait de son séjour en Isère. Il nous explique avoir eu une "mauvaise expérience" juste avant, en Ardèche. "J'étais venu pour les animaux et notre hôte nous faisait ramasser des chataîgnes toute la journée".
Attention aux pièges !
Si la plupart du temps, l'échange entre les wwoofeurs et leurs hôtes se passe bien. Des dérives ont également été constatées. Alors attention, le wwoofeur n'est pas un ouvrier agricole, l'hôte n'est pas un formateur professionnel, le wwoofing n'est pas un site de rencontre pour célibataire...Mais si vous voulez tenter l'expérience, vous pouvez contacter l'association officielle française de wwoofing. Elle donne tous les conseils utiles. Mais sachez que pendant la période de confinement, les déplacements sont interdits et donc le wwoofing aussi. Seuls les wwoofeurs qui se trouvaient sur une exploitation avant le confinement pouvaient rester avec l'accord de leur hôte.