Le confinement place de nombreuses entreprises en difficulté et la presse écrite n'est pas épargnée. A Crest dans la Drôme, le Crestois, un petit hebdomadaire très suivi et plus que centenaire, tire la sonnette d'alarme. Son modèle économique est aujourd'hui fragilisé.
Le Crestois, existe depuis 1900. C'est 120 ans d'histoires et d'actualités de la vallée de Drôme. Jusqu'à cette année 2020, l'hebdomadaire n'avait connu qu'une seule interruption et c'était pendant la deuxième guerre mondiale. Le numéro du 15 juillet 1944 était paru avant une interruption de deux mois. Il avait donc fallu les bombardements et les combats du long chemin de la libération pour venir à bout, temporairement, de cet hebdomadaire et de l'imprimerie familiale à laquelle il est lié.
Aujourd'hui il a fallu une épidémie, et une avarie, pour stopper momentanément l'impression du journal. Le Crestois est à l'arrêt depuis plusieurs semaines. En cause "une petite pièce qui a fait défaut sur une des machines," explique Jean-Baptiste Bourde, Directeur du Crestois, "ça peut arriver tous les jours mais aujourd'hui, dans cette situation un peu étrange, la petite pièce qui est livrée en deux jours habituellement, on l'a eu au bout de dix jours." et au finalement ce n'est pas une mais deux pièces qui avaient des problèmes ... "pour ces deux pièces, on a mis six semaines pour avoir les pièces et les techniciens disponibles pour faire tourner la machine," résume-t-il.
L'équilibre financier de l'entreprise repose sur la publicité et les annonces légales du journal. La santé économique du journal repose aussi sur les impressions de documents et publicités qui sont liées aux événements culturels de printemps et au tourisme des beaux jours. Alors difficile de relancer la machine en cette période de confinement et de crise sanitaire. En attendant, tout le contenu d'info est mis en ligne gratuitement pour les lecteurs. Les journalistes font du télétravail... Le journal a fait appel aux dons et ouvert une "tirelire".
"Je suis un peu inquiet mais il y a nécessité pour un journal comme Le Crestois de continuer à exister," explique Martin Chouraqui, journaliste. "Les lecteurs et les gens qui apprécient le journal nous encouragent et on a fait une campagne de dons qui a bien fonctionné, on a reçu des centaines de messages de soutin," ajoute-t-il. Quant au site internet "il fonctionne particulièrement bien, on fait des scores jamais faits en temps normal. Je pense que les gens ont un vrai besoin d'informations. "
L'équipe de l'hebdomadaire espère imprimer de nouveau le journal, en version réduite dans un premier temps, pour le 15 mai prochain.