Crise du BTP : de nombreux emplois menacés, "on attend, on n’investit pas et on n’embauche pas"

Avec l'instabilité politique ambiante, le BTP navigue à vue. Le secteur réclame des réponses pour éviter des conséquences sur l'emploi. Illustration en Ardèche et dans la Drôme.

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"Les permis de construire sont en baisse de 10% en Ardèche et de 20% dans la Drôme". Cécile Gruat-Laforme, présidente de la Fédération BTP des deux départements, se montre inquiète. Conséquence de cette dégringolade : de nombreux emplois sont en danger. "On a déjà perdu 300 emplois en 2024." Et l'avenir ne s'annonce pas plus rose : au niveau national, 150 000 emplois seraient menacés, soit "1500 emplois" en Ardèche et dans la Drôme.

"On a mis un frein au recrutement des intérimaires, qui sont la valeur d’ajustement dans nos entreprises, c’est là qu’on taille en premier quand on a moins besoin de personnel", affirme Cécile Gruat-Laforme. "On attend, on n’investit pas et on n’embauche pas."

Incertitudes autour du prêt à taux zéro

Au coeur du problème notamment : le prêt à taux zéro (PTZ). Le dispositif devait être étendu en 2025, permettant à davantage de futurs propriétaires d'acquérir un bien. Mais la dissolution de l'Assemblée nationale, puis la démission du gouvernement Barnier, ont balayé le budget 2025.

Le secteur du BTP accuse "une chute du logement neuf". © France Télévisions

Conséquence pour le secteur du BTP : "une chute du logement neuf", déjà amorcée par la restriction progressive des conditions d'accès à ce prêt. Dans une lettre adressée aux socialistes le 16 janvier pour éviter une nouvelle censure, le Premier ministre François Bayrou affirme vouloir élargir le PTZ  à toute la France. Une "bonne nouvelle" pour Cécile Gruat-Laforme même si, pour l'heure, il s'agit uniquement d'annonces.

"Un vrai ralentissement" des investissements des collectivités locales

Autre problème dû à cette instabilité politique : la baisse des investissements des collectivités locales. Dans ce climat d'incertitude et alors que l'État leur impose des coupes budgétaires, elles se montrent réticentes à investir, ce qui fragilise encore plus le secteur du BTP. 

"Normalement, avec l'approche des élections [municipales] de 2026, on devrait être en plein feu pour les investissements. Et effectivement, finalement, il y a un vrai ralentissement", se désole Cécile Gruat-Laforme. 

Dans la Drôme, la présidente du conseil départemental se veut rassurante. "On est conscients que notre investissement est indispensable pour embellir, sécuriser et aménager notre territoire, et pour soutenir l’économie et l’emploi. Le Département a décidé de garder le cap d’un investissement assez fort puisque nous ambitionnons 120 millions d'euros en moyenne par an jusqu’à la fin du mandat", promet-elle. "Je veux rassurer le secteur du BTP dans la Drôme", conclut-elle.

Un Premier ministre qui se veut rassurant

De son côté, François Bayrou s'est voulu lui aussi rassurant dans son discours de politique générale, le 14 janvier. "Sur le plan financier, l’effort [qui sera demandé aux collectivités] sera ramené [...] de 5 milliards d'euros à 2,2 milliards d'euros en 2025."

Le gouvernement devrait également "déposer un amendement visant à majorer les contours financiers de l'État pour les 'maires bâtisseurs' à hauteur de 100 millions d'euros", ce qui pourrait bénéficier aux projets de construction et de rénovation.

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