Faire d'un déchet un nouvel objet destiné à durer. C'est ce que font deux jeunes entrepreneurs drômois. Ils fabriquent du mobilier et des objets à partir de plastiques recyclés provenant des usines voisines.
Quentin Renault et Léo Estrade, fondateurs de Stiloop, travaillent le plastique recyclé de façon artisanale et singulière à Granges-les-Beaumont dans la Drôme. Ils visent le cercle vertueux en recyclant le plastique des entreprises locales en mobilier et objets dont elles ont besoin. C'est un peu un retour à l'envoyeur. Le déchet ne finit pas sur une plage au bout du monde, ni amalgamé au cœur du 8ᵉ continent. Ils ont transformé près de 300 kg de plastique qui auraient été enfouis ou incinérés.
L'entreprise récupère le plastique déjà transformé en paillettes. "Là, on est sur du mobilier de jardin et du jouet pour enfants, globalement du polypropylène vert qu'on met à chauffer dans la presse à injecter" explique Quentin. Montée quelques minutes à 200 degrés, la matière prend forme dans un moule. Une fois refroidis, rapidement, les différents éléments donnent la forme d'un objet du quotidien. Intervient ensuite la finition qui fait que même s'il existe des séries, chaque objet est unique. Un accent est particulièrement mis sur la couleur.
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Accessoires de bureau, mobilier : rien n'est impossible à façonner entre les mains de ces deux artisans. Dans leur atelier, à part la matière première, tout rappelle le travail du menuisier. Les gestes et les outils se ressemblent. La matière première est robuste et le design est travaillé pour que chacun produit ait une durée de vie longue.
"On réalise quatre produits majeurs, des manches debout, des tabourets hauts et des mange-debout, des petits tabourets". Côté objets, on trouve le support ordinateur, des porte-savons, des dessous de verre, et des objets un peu plus pour la maison…"
Trop de déchets
On est tous d'accord, le bon déchet est celui qui n'existe pas. Dans l'univers du plastique, c'est loin d'être la règle. Seulement 20 à 30 % du plastique sont aujourd'hui réutilisés. Pour les deux trentenaires, lutter contre cette pollution nécessitera une petite révolution. Il faudra en baisser considérablement la fabrication.
Le recyclage est un outil intéressant pour lutter contre la pollution plastique, mais il ne sera pas suffisant puisqu'on n'arrive pas à avoir des taux de recyclage comme l'aluminium et le verre.
Léo EstradeCofondateur de Stiloop
En attendant, le cycle de réutilisation des plastiques est bien lancé dans cet atelier de la Drôme, à petite échelle, certes, mais deux ans après sa création, le modèle économique et les débouchés commencent à se former. Ils font partie du mouvement Precious Plastic, une communauté mondiale de recycleurs de plastiques, basée sur un modèle de partage (en open source) de connaissances et de techniques. L'atelier a reçu le prix "Coup de Cœur 2024" lors du concours Artinov, organisé par la Chambre des Métiers et de l'Artisanat Auvergne-Rhône-Alpes.
Les deux trentenaires animent aussi des ateliers pour expliquer leur démarche.