L'écologiste Eric Piolle appelle à la fusion de sa liste avec celle du socialiste Jérôme Safar et espère devenir maire de Grenoble

Arrivé en tête au premier tour des Municipales, l'écologiste Éric Piolle est bien placé pour s'emparer de la mairie de Grenoble et devenir ainsi le premier maire EELV d'une grande ville. Les négociations ont débuté avec le socialiste Jérôme Safar qui, pour l'heure, garde le silence.

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Au local de campagne d'Éric Piolle, on avait la victoire modeste ce lundi 24 mars au matin. "Si on additionne les voix, c'est à peine 10% des Grenoblois qui ont voté pour notre liste", soulignait ainsi le colistier Hakim Sabri, en référence à la forte abstention (47,6%).

Soucieux de ne pas offenser ses potentiels alliés socialistes au second tour, Éric Piolle a, lui aussi, fait profil bas et appelé le PS à le rejoindre dans une "liste d'union" : "On est conscient que c'est quand même un choc pour eux (les socialistes), il faut que ça se digère", a-t-il souligné, avant d'enfourcher son VTT pour se rendre à une réunion de négociation avec les socialistes. Invité de France 3 Alpes, Eric Piolle a confirmé que les tractations allaient se poursuivre, la limite pour déposer les listes pour le second tour étant fixée au mardi 25 mars à 18h00.

>>> Revoir l'interview d'Eric Piolle dans le 19/20

Avec 29,41% des suffrages exprimés dimanche soir, la liste "de rassemblement citoyen" d'Eric Piolle, réunissant notamment EELV et le Parti de gauche (PG), a réalisé une percée historique. Faisant mentir les sondages, il a pris une nette avance sur le candidat socialiste Jérôme Safar (25,31%), dauphin du maire sortant Michel Destot qui ne se représentait pas après 19 ans à la tête de la ville. L'UMP Matthieu Chamussy est arrivé troisième avec 20,86% tandis que le FN a récolté 12,56% des voix.

Vote sanction


"La liste Piolle a été le réceptacle d'une partie du vote sanction contre le gouvernement et contre François Hollande", analyse Simon Labouret, enseignant-chercheur à Sciences Po Grenoble. Selon lui, les militants d'Éric Piolle très présents sur le terrain, ont su agréger toute une série de mécontentements locaux et capitaliser sur une forme d'usure de la municipalité socialiste sortante.

"Ce résultat est la confirmation qu'il y avait un espace pour une gauche citoyenne et écolo", a commenté Elisa Martin, cofondatrice du PG et n°2 de la liste Piolle. Jean-Luc Mélenchon a lui qualifié Grenoble de "vaisseau-amiral de cette élection" pour le Parti de Gauche.

Reportage de Jordan Guéant et Franck Ceroni
Intervenants : Eric Piolle; Jérôme Safar, Matthieu Chamussy; Mireille d'Ornano
Ville de classes moyennes fortement diplômées et sensibles aux questions environnementales, Grenoble accorde régulièrement des scores importants aux écologistes. Aux Européennes de 2009, ils avaient déjà devancé le PS de plus de 10 points avec 29% des voix. Sortis de la majorité municipale en 2008, les écologistes sont depuis lors devenus les premiers opposants à la mairie socialiste, dans cette ville qui vote massivement à gauche (à plus de 64% en 2012).

"Aucune volonté de revanche"

Éric Piolle, 41 ans, ancien cadre de Hewlett-Packard qui se définit comme "catho-humaniste", a assuré n'avoir "aucune volonté de revanche" avec les socialistes, lui qui est entré en politique il y a seulement 4 ans et se dit étranger aux querelles anciennes. Sa mission consiste désormais à convaincre le PS de fusionner avec lui en vue du 2e tour.

"Tout est envisageable", a répondu Jérôme Safar dès dimanche soir. Visiblement très affecté par sa défaite, il a immédiatement dénoncé le "flou absolu" d'Éric Piolle sur de nombreux sujets et mis en garde contre le "risque" qu'une victoire écologiste ferait courir au "modèle de développement économique" de la ville.

"Il a tout intérêt à discuter avec nous" pour ne pas renvoyer "l'image d'un parti socialiste diviseur", estime Elisa Martin. 

"On ne peut pas complètement écarter l'idée que le PS puisse se refaire au 2e tour" dans le cadre d'une quadrangulaire, souligne Simon Labouret. Mais ce serait un pari extrêmement risqué. "S'ils se maintiennent et qu'ils se plantent, les socialistes perdent tout", ajoute-t-il.


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