"Paysans en colère, paysannes en colère !" scandent la cinquantaine d'agriculteurs et agricultrices réunie au siège de la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour dénoncer la fin du fond d'aides financières à l'installation ce lundi 31 mai.
"On veut un rendez-vous et on ne bougera pas !" La cinquantaine d'agriculteurs, assis en tailleur, réunie dans le grand hall du Conseil régional ce lundi 30 mai chante en boucle sur l'air de "Chauffeur si t'es champion". Les chants s'enchainent pendant que les représentants négocient au téléphone avec les services de la région installés à l'étage supérieur. Ils réclament de l'aide et des moyens suite à l'annonce, en mars dernier, de la fin du Fonds social européen.
La fin du financement de l'installation des agriculteurs
L'ambiance est électrique. «Depuis la mi-mars où nous avons appris la nouvelle, on a sollicité plusieurs fois la région et à chaque fois ça a été lettres mortes» explique Ismaël Aadnan, paysan. "On les a sollicités de manière classique, on a envoyé un mail, on a passé un coup de fil, on a interpelé des membres de l'opposition qui eux ont interpelé des élus en commission agricole sans succès".
La cinquantaine d'agriculteurs, jeunes pour la plupart, équipés de banderoles, s'est invitée à la Région ce lundi matin pour être entendus et dénoncer la fin de la FSE (Fonds Social Européens), qui équivaut à la disparition de 80% des actions (formations, stages et développement individuel) de leur réseau agricole ADDEAR. Cet accompagnement est à destination de personnes non-issu du milieu agricoles et en reconversion professionnelle.
Le réseau, composé de la confédération paysanne Auvergne-Rhône-Alpes et de l’ARDEAR, se retrouve incontestablement fragilisé par une perte financière évaluée à 500 000€. Arnaud, qui a, lui-même, bénéficié de l’aide du réseau témoigne. Il a pu reprendre l'exploitation d'un agriculteur qui souhaitait transmettre avant de prendre sa retraite. "Ça fait 3 ans que je suis installé. Je sais que c'est très difficile de trouver du terrain. Sans l'Adear, je ne serai pas là où je suis aujourd'hui».
Des aides indispensables
Le FSE (fonds social européen) permet d'accompagner de futurs agriculteurs. Un secteur en perte de vitesse avec une chute continue des effectifs. 43% des personnes accompagnées par ce réseau se sont installées en agriculture sur des fermes de 26 ha en moyenne, 30% sont toujours en élaboration de projet. Ces chiffres montrent l’indispensabilité du réseau dans le paysage agricole et le développement des accompagnements à l’émergence de projet. L'Adear accompagne une centaine de projets rien que dans le Rhône.
Son approche Agriculture Paysanne intègre aussi le développement local, l’environnement et la création d’emploi. Arnaud Pont en est le parfait exemple. Ne venant pas de ce milieu, il a pu se créer un réseau, comprendre le milieu mais a surtout réussi à s’installer grâce à une rencontre organisée par l’ADDEAR.
Ils ont été entendus
Peu après 13h00, la délégation passe les contrôles de sécurité et sont enfin autorisés à se rendre à l'étage. Quelques minutes plus tard, elle sort de l'ascenseur. Apparemment plus détendue. Florent Martel, animateur formateur ADEAR Rhône, se place face à l'assemblée et annonce "Nous avons obtenu un rendez-vous avec la première vice-présidente de la région (Stéphanie Pernod-Beaudon) pour vendredi 3 juin à 15h00 pour traiter du sujet sur le fond et avancer avec eux". Les cris et les applaudissements reprennent de plus belle, avec une note d'espoir cette fois-ci. Les manifestants quittent les lieux, plus sereins.
La guerre n’est pas gagnée, car après la Région, c’est l’Europe qu’il faut atteindre.