A Grenoble, le musée de la résistance rend hommage aux expatriés chiliens

Il y a 40 ans, le coup d'état d'Augusto Pinochet a poussé à l'exil des milliers de résistants chiliens. Nombreux sont ceux qui ont trouvé une terre d'asile en France, et en particulier à Grenoble. Le Musée de la Résistance leur consacre une exposition. 

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"J'ai des souvenirs de mon père me réveillant dans la nuit, m'attrapant contre lui et me dire 'il faut y aller'", raconte Antonietta Pardo-Arlacon.

Sa famille a dû vivre dans la clandestinité pendant une dizaine d'années au Chili. Son père Patricio Pardo-Avalos était résistant. 

Chacune des photos de l'exposition est une fenêtre, un voyage dans le temps pour Patricio et sa fille aînée.

Sur l'une d'elles on voit Patricio au moment où il embarque dans l'avion qui l'emmènera en France, vers la liberté. "Là à l'instant, j'ai traversé les contrôles de la police secrète, de la police de l'air et des frontières, avec des faux papiers." 






C'était en 1984. La famille a ensuite trouvé refuge à Grenoble. Comme eux, des dizaines de familles se sont exilées en Isère entre les années 70 et 80. Il a fallu tout recommencer, s'adapter, se faire une nouvelle vie. Patricio est devenu électricien, puis photographe...

"L'exil, c'est ce déracinement qui est parfois palpable dans le regard des enfants", raconte Antonietta. "Celui de ma soeur a toujours été ce regard qui dit 'qu'est-ce que je fais là'?"



L'exposition retrace ce quart de siècle douloureux pour le Chili


Prêtés par le Musée des Droits de l'Homme de Santiago, des documents retracent le déroulement du coup d'état, la chute d'Allende et la répression sanglante de Pinochet. 

Le mardi 11 septembre 1973, le gouvernement du président socialiste démocratiquement élu Salvador Allende était renversé par un coup d'État militaire. Une opération menée par les commandants en chef des trois armées et la police dans un contexte de crise et de guerre politique interne entre exécutif, législatif et judiciaire. 

Salvador Allende se suicida lors du siège du palais de la Moneda. À la suite du coup d'État, la junte militaire prononça la dissolution du Congrès national, des conseils municipaux, des syndicats et des partis politiques. La liberté de la presse fut abolie, la littérature rattachée au socialisme détruite. Les opposants au régime furent traqués, emprisonnés, exécutés.

Aujourd'hui, un gigantesque travail de mémoire est entrepris au Chili, mais les blessures ne se sont pas refermées. "Il y a trois mois on a retrouvé un ami à moi, un résistant. On a retrouvé son corps dans une fosse commune, alors qu'il a disparu il y a 40 ans..." rapporte Patricio. 

 

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