Depuis 2 ans, des éleveurs de limousines de Haute-Loire ont signé un partenariat avec des grandes surfaces. Ils leur fournissent une viande locale de qualité et en échange les gérants s’engagent à payer l’agriculteur "au juste prix".
Nicolas Peyrard est agriculteur dans l’est du département de Haute-Loire, à Saint-Romain-Lachalm, vers les monts du Pilat. Dans son exploitation familiale, il élève 80 vaches limousines et produit des fraises et des fruits rouges. Il est par ailleurs président de l’Association des éleveurs limousins de Haute-Loire, qui regroupe 60 éleveurs. Depuis 2 ans, malgré les difficultés liées à son métier, il a retrouvé le sourire. Il explique : « On a créé une marque, qui s’appelle la limousine des Monts du Velay. Elle nous permet de proposer les produits de nos fermes à des bouchers, à des moyennes et grandes surfaces. On les démarche pour proposer un produit local de qualité. Ca fait 2 ans qu’on travaille avec eux. Ce sont nous les éleveurs qui allons au contact de ces personnes. On leur explique comment on produit. On essaie de travailler le plus en direct avec eux ». Désormais, l’éleveur et les membres de l’association ont conclu un partenariat avec 5 moyennes et grandes surfaces du département.
C’est un accord gagnant-gagnant
Nicolas Peyrard raconte : « Les grandes et moyennes surfaces nous paient à un prix rémunérateur. Lors de la loi Egalim, il avait été estimé que pour vivre de leur métier, les agriculteurs devaient être payés minimum 4,70 euros au kilo de carcasse. Avant on était payés autour de 4 euros. Désormais, avec cet accord avec les grandes et moyennes surfaces, on vend de 4,70 euros à 5,30 euros. C’est un accord gagnant-gagnant : on saute l’étape des intermédiaires, les moyennes et grandes surfaces achètent la viande à un prix rentable et on vit de notre métier ».
Mieux gagner sa vie
Il ajoute : « On s’est rendu compte qu’on ne gagnait pas notre vie parce qu’il y avait beaucoup d’intermédiaires au milieu. Il y a ce qu’on appelle des chevillards, des revendeurs qui pouvaient être 2 ou 3 parfois. A la fin, le boucher ou la grande surface payaient très cher et nous on était pas bien payés. Les 2 étaient perdants. Il y a des grandes surfaces, des bouchers qui ont compris que les agriculteurs devaient vivre de leur métier et qu’il fallait les rémunérer au juste prix. On est aussi leurs clients »
Des distributeurs séduits
Yohan Baderou et sa femme Emeline sont depuis bientôt 3 ans les gérants du supermarché à Retournac. Ils ont immédiatement été sensibles aux arguments des agriculteurs. Le gérant indique : « On était demandeurs de ce genre de partenariat. On cherchait à acheter de la viande localement. Les bêtes que l’on achetait à la centrale d’Intermarché étaient abattues par le groupe et livrées chez nous. On avait du mal à s’approvisionner en local. Nicolas Peyrard est venu me voir il y a un an et demi pour nous proposer un partenariat. On a accepté. Le seul intermédiaire reste l’abattoir. On ne descend pas en-dessous de 4,70 euros. Le prix se situe plutôt autour de 5 à 5,50 euros le kg de carcasse ».
Aujourd’hui ça change tout
Pour Nicolas Peyrard, ce partenariat est une réelle opportunité : « Aujourd’hui ça change tout. Nos éleveurs sont contents de pouvoir valoriser leurs animaux. On est beaucoup moins moroses quand on discute entre nous. En étant rémunérés à une juste valeur, on peut encourager nos enfants et des personnes à s’installer. C’est valorisant. Une génisse peut faire 350 à 400 kg de carcasse. Si vous payez 70 ou 80 centimes de plus que le prix habituel, ça fait presque 300 euros par animal. Ce n’est pas rien ». Selon lui, tout le monde y trouve son compte : « Le consommateur s’y retrouve car le prix de la viande n’a pas vraiment augmenté, vu qu’on a enlevé les intermédiaires. Ils ont un produit de qualité dans l’assiette ». Le gérant de la grande surface y a aussi trouvé un intérêt. Yohan Baderou affirme : « Il y a une vraie volonté de mieux rémunérer l’éleveur. C’est un partenariat gagnant-gagnant. Je paie ma viande un peu plus chère à l’éleveur mais il n’y a pas d’impact sur mes prix de vente, car j’ai moins d’intermédiaires et moins de transport à payer. En gros ça me revient au même prix que si j’achetais une limousine à la centrale du groupe ».
Privilégier les circuits-courts
Il cherche à satisfaire des clients de plus en plus à la recherche de produits locaux : « Aujourd’hui les consommateurs sont en demande de circuits courts. Les bêtes que Nicolas me fournit sont élevées à 15-20 km de mon point de vente. Les clients connaissent les éleveurs. La limousine est une bonne viande ». Nicolas Peyrard est fier de proposer sa viande dans les étals des grandes surfaces. Il indique : « La limousine est une race allaitante, une race à viande. Elle est reconnue pour la tendreté de sa viande. On essaie de finir nos animaux au foin, aux céréales de l’exploitation pour une finition lente et longue. A la fin on obtient un animal qui est gras, ce qui amène de la saveur à la viande. Ca fait un produit exceptionnel. On propose aussi de la maturation de la viande ». Nicolas Peyrard et les éleveurs de son association cherchent à faire connaître leur produit. Ils réfléchissent à faire du démarchage dans des cantons limitrophes, comme par exemple à Saint-Etienne.
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