En Haute-Loire un projet de retenue collinaire sur la commune de Chaspuzac porté par plusieurs agriculteurs est contesté par des riverains. Entre la nécessité pour les uns de contrôler leurs besoins en eau face aux sècheresses, et pour les autres des désagréments visuels et des dégradations de l'environnement, difficile de trouver un consensus.
A Chaspuzac, en Haute-Loire, elles sont voisines et préparent le dossier présenté mi-octobre au tribunal administratif : avec un stockage de 52 600 mètres cubes, la retenue collinaire en projet devrait être creusée à une centaine de mètres des maisons : "On va contester les surfaces concernées par le projet d’irrigation qui ont été volontairement tronquées, la gestion des ressources en eau potable de la zone considérée qui n’a pas été prise en compte et la non prise en compte de l’impact sur la faune et la flore suite au dossier des espèces protégées », explique Marie-Jeanne Guizon, secrétaire du collectif "Bien vivre à Chaspuzac".
Des désaccords entre agriculteurs et riverains
La retenue servira à irriguer les cultures de huit familles d'agriculteurs du village. Mais le projet dimensionné pour ce collectif fait peur : « Toute une surface sera noyée et détruite. Au visuel, ce n’est pas beau et ça va entraîner une dépréciation de nos habitations qui pourra aller de moins 20 à moins 30% », ajoute Marie-Jeanne Guizon. Les agriculteurs, de leur côté, parlent d'urgence face aux sécheresses à répétition qui les obligent à acheter du fourrage rare et cher : « On va arriver au printemps prochain avec des granges vides, des stocks à zéro. Si l’année prochaine est similaire à cette année, ça va être très compliqué », explique Hervé Vidal, agriculteur bénéficiaire de la retenue collinaire en projet.
Des projets peu souvent réalisés
L’agriculteur Raphaël Jammes, lui aussi concerné par le projet de retenue, fait face à son champ de maïs brûlé cet été par la sècheresse. La retenue lui permettrait de rationaliser sa culture en étant plus autonome : « A titre d'exemple, 35 hectares de maïs l’année dernière. Si on avait l’irrigation, on tablerait entre 20 et 23 hectares grâce à l’irrigation. Le maïs est une plante qui valorise très bien l’eau si elle tombe au bon moment ». En Haute-Loire, un à deux projets de retenues collinaires aboutissent par an si toutes les conditions environnementales sont respectées. Elles sont souvent à l'usage d'un seul agriculteur. L’une d’elle attend les pluies d’hiver pour se remplir. L'agriculteur qui l'utilise a sauvé sa culture cet été. Pour Chaspuzac, le tribunal administratif sera saisi cette semaine. Dans le département, seuls 20% des projets déposés et suivis par la chambre d'agriculture aboutissent malgré le soutien financier d'un plan national qui encourage les retenues collinaires.