En Haute-Loire, les archives départementales font un appel aux dons de documents privés pour étoffer leurs réserves et la mémoire du département sur la Seconde Guerre Mondiale. Un appel pour les travaux d'étudiants ou de chercheurs. Une mémoire plus intime qui intéresse en ce moment un professeur de l'université de Clermont-Ferrand pour ses travaux sur les Justes de Haute-Loire.
Des visages anonymes, des lieux non identifiés amenés ce vendredi 16 septembre, par une personne désireuse de rester dans l'ombre : elle est venue faire don de documents privés datant de la Seconde Guerre Mondiale aux archives départementales de la Haute-Loire. Ces témoignages intimes et flous vont être répertoriés et analysés par un archiviste. « Par rapport aux archives administratives et officielles de la préfecture, qui donnent une vue d’ensemble sur la politique menée et des aspects à grande échelle de la vie d’un département de l’arrière pendant la guerre, là, on peut suivre des parcours et des destins individuels. On peut illustrer et vraiment rentrer dans la vie des gens de cette époque », explique Antoine Rahon, archiviste aux archives départementales de la Haute-Loire.
Reconstituer une époque
Dans les rayons, des rapports de police, des comptes-rendus préfectoraux et parfois des petits bouts de papiers révélateurs de l'époque 39-45, comme un document invitant à rejoindre les francs-tireurs : « On a par exemple un document qui a été collé, on le voit. C’est le travail de l’archiviste de savoir identifier la forme du document. On le fait aussi pour des documents d’Ancien Régime. On va essayer d’apporter des éléments. Evidemment, on voit qu’il y a des trous et des lacunes. On ne va pas reconstituer ça mais on peut imaginer qu’il était accolé, soit sur des réverbères soit sur des cahiers pour attirer les jeunes dans la Résistance », indique Jean-Bernard Moné, directeur des Archives départementales de la Haute-Loire.
Des documents témoins
Les témoignages collectés par les archives viennent aider le travail de certains enseignants chercheurs. Après l'Allier et le Puy-de-Dôme, c'est au tour de la Haute-Loire de passer le témoin à travers les documents officiels des communes pour le recensement des juifs par exemple : « Ces documents révèlent une forme de résistance particulière qui s’appelle la résistance administrative. Le gouvernement de Vichy demandait à chacun des maires de recenser la liste des Israélites présents sur leur commune, or, on peut observer que certaines personnes présentes ne sont pas mentionnées. Cela permettait d’éviter quelques arrestations et l’inscription de ces personnes sur la liste des déportations », raconte Julien Bouchet, enseignant-chercheur à l'Université de Clermont-Auvergne.
"Nous ne sommes qu’au commencement de l’écriture d’une histoire un peu plus complète de la Seconde Guerre Mondiale"
Les petites histoires des familles pendant la Seconde Guerre Mondiale sont des sources très précieuses pour recouper les informations : « On aura peut-être la trace de telle personne qui sera passée par telle commune, ce qui s’est passé pour Le Chambon-sur-Lignon, qui est très documenté aujourd’hui. Ce n’est pas encore le cas pour la majorité des communes de Haute-Loire. Nous ne sommes qu’au commencement de l’écriture d’une histoire un peu plus complète de la Seconde Guerre Mondiale. » L'historien se donne deux ans pour mettre en lumière les Justes et les sauveteurs du département. En attendant ses publications pour l'Auvergne et la région AURA d'ici 2030, les archives départementales sont ouvertes exceptionnellement ce dimanche 18 septembre et la collecte se fait toute l'année.