Aux assises de Haute-Loire le procès d’une soirée de coups et d’horreur à Saint-Pal-de-Mons

Les faits remontent au 14 et au 15 février 2017, une violente « explication » entre deux frères et deux quadragénaires dans le paisible hameau de Lichemiaille sur la commune de Saint-Pal-de-Mons en Haute-Loire. Un des deux frères aurait voulu se faire justice après un cambriolage à son domicile.
 

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Le 18 février 2017, deux chasseurs retrouvent un corps sans vie enroulé dans un drap, les membres liés dans le dos par des câbles, sur la commune d’Esparron-de-Verdon, dans les Alpes de Haute-Provence.
L’individu porte des traces de violence au niveau de la tête…
Il s’agit de Romain Duzéa, un habitant de Saint-Didier-en-Velay en Haute-Loire, âgé de 45 ans.
Un mois plus tard, le 20 mars 2017, un second corps sera retrouvé à Moustiers-Sainte-Marie, à une trentaine de kilomètres de la première découverte macabre : celui de Christophe Pellier, 46 ans, habitant à Lichemiaille sur la commune de Saint-Pal-de-Mons.
L’autopsie révélera des traces de coups : fracture de la côte, hématomes à la tête…
Entre les deux découvertes, l’enquête a bien avancé : deux frères de 23 et 25 ans (à l’époque des faits), David et Anthony Kuy, ont été interpelés et placés en garde à vue.
Très vite, ils ont avoué avoir tué Romain Duzéa et Christophe Pellier qu’ils soupçonnaient de les avoir cambriolés quelques jours plus tôt.

Déchainement de coups

Les deux victimes du meurtre, Christophe Pellier et Romain Duzéa sont deux amis, marginaux, ne travaillant pas, consommateurs de cannabis.
Romain est suivi par un psychiatre et placé sous curatelle.
Il est un peu sous l’emprise de Christophe.
Le 14 février 2017, Anthony Kuy, qui suspecte son voisin Christophe Pellier de lui avoir volé du matériel multimédia, des affaires personnelles et des produits stupéfiants (des engrais et des pieds de cannabis),  a une violente « explication » avec celui-ci.
Arrivent sur place, le jeune frère d’Anthony (David Kuy) et Romain Duzéa, l’ami de Christophe Pellier.
Christophe et Romain sont roués de coups, coups de poings, coups de pieds, à la tête, dans les côtes…
Les frères Kuy veulent « se faire justice » et s’emparent de leurs cartes bancaires et de leurs codes secrets.
C’est d’ailleurs grâce à ces cartes utilisées pour plusieurs retraits que la gendarmerie est mise sur la trace des deux frères d’origine cambodgienne.

« Arrête, avec la colère tu vas le tuer »

Comment les faits ayant conduits à la mort de Romain et Christophe se sont-ils enchainés, quelle est la responsabilité précise de chacun des deux frères Kuy ? Voilà les questions auxquelles la cour d’assises devra répondre durant cinq jours.
Dans le courant de cette soirée d’horreur, les deux victimes se seraient retrouvées ligotées avec des câbles électriques, bâillonnées, les yeux bandés et des linges dans la bouche pour ne pas qu’elles crient.
Ont-elles été étranglées, comme l’aurait soutenu aux enquêteurs David Kuy ? Sont-elles mortes des suites des coups ou par asphyxie, selon la version de son frère ?
Il a suffi en tous cas de quelques heures pour que tout dégénère.
Anthony Kuy aurait utilisé des gants de moto renforcés pour faire encore plus mal. Il serait « parti en furie »  jusqu’à ce que Christophe Pellier avoue qu’il avait cambriolé son appartement.
"Arrête, avec la colère tu vas le tuer", aurait alors tenté de s’interposer son jeune frère. Mais la violence n’aurait fait que redoubler dans cette soirée dont on connait l’issue…
Toujours est-il qu’avant d’envelopper les deux corps dans des draps, pour aller les faire disparaitre dans la nature, les frères Kuy ont demandé de l’aide à l’un de leurs amis, Raphaël Quoy, qui s’est rendu sur place à Lichemiaille.
Ce dernier comparaitra pour non dénonciation de crime et recel de cadavre.
Les jurés devront déterminer quel a été précisément son rôle ce soir-là.
Lors de l’enquête, il aurait déclaré avoir été menacé par les frères Kuy s’il les dénonçait, ce que démentent ces derniers.
Trois autres personnes mises au courant de ce qui s’était passé le soir du 14 février comparaitront également pour « non dénonciation de crime » lors de l’audience de lundi 27 au vendredi 31 janvier.
Des personnes qui, comme Raphaël Quoy, savaient par ailleurs que les deux frères Kuy étaient en train d’organiser leur fuite… vers le Cambodge d’où étaient originaires leurs parents.

Pas de trouble psychique

Concernant les deux principaux protagonistes, Anthony et David Kuy, les experts psychiatres ont écarté toute altération ou abolition de discernement.
Ils ne présentent pas de troubles psychiques.
Tous les deux sont célibataires et sans enfant, consommateurs (ou ancien consommateurs) de cannabis.
Anthony, l’ainé travaillait comme carrossier.
Son entourage parle d’un garçon « bon vivant » mais non bagarreur ni violent.
Son jeune frère David vit chez sa mère avec d’autres frères et sœurs. Ils ne travaille pas depuis plusieurs années.
Ses proches et sa famille le décrivent comme "plus remuant, plus impulsif et instable" qu’Anthony.
Les frères Kuy seront jugés pour « arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivi de mort ».

Le procès pourrait bien être perturbé par la grève des avocats mobilisé contre la réforme des retraites, voire reporté, plusieurs d’entre eux ayant fait une demande de renvoi.


 
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