Une formation d'ambulancier vient de débuter à l'école d'infirmières du centre hospitalier Emile-Roux au Puy-en-Velay. Elle entend répondre aux besoins multiples des entreprises de Haute-Loire dans un métier en tension.
C’est un de ces métiers dits de « première ligne » pendant la crise du Covid, indispensable au fonctionnement des structures médicales : ambulancier. Un métier en tension au niveau du recrutement pour lequel aucune formation n’était jusque-là dispensée dans le département de Haute-Loire, formation désormais accessible au Puy-en-Velay. Thierry Devignes, chef d'entreprise, se félicite de cette avancée dans la reconnaissance du métier : « C’est un métier méconnu. Les gens ont une fausse image de notre métier car ils ne le connaissent pas. Ils s’étonnent du rôle important qu’on a dans le milieu médical. C’est un métier en tension par rapport au recrutement. On a beaucoup de turn-over. Les horaires ne sont pas faciles. Il y a eu un creux, il n’y avait pas beaucoup de monde qui sortait de formation à cause du Covid et du confinement. Là, c’est en train de revenir. »
"On a 3 salariés aujourd’hui en formation pour un an"
En effet, il existe deux cursus de formation, mais les deux diplômes sont différents : « Le DEA est un diplôme qui se passe sur un an, en alternance ou dans des écoles spécialisées. Le diplôme d’auxiliaire permet d’être dans l’équipage avec le DEA et d’avoir une approche du métier pour pouvoir y rentrer. C’est 15 jours de formation. En général, les gens poursuivent avec le DEA », explique Thierry Devignes.
Alors, pour former au mieux son personnel, il envoie plusieurs salariés de son entreprise suivre ce cursus : « On avait parlé de nos problèmes à la direction d’Emile-Roux. Il n’y avait qu’une session par an, on manquait de formation. Grâce à ce nouveau dispositif, on a 3 salariés aujourd’hui en formation pour un an, qui ne seraient pas partis à Saint-Etienne ou à Clermont. Dès qu’ils ont su qu’ils pouvaient se former au Puy, ils nous l’ont demandé. Ce sont 3 auxiliaires qui sont depuis un an au moins en CDI chez nous. Ils vont ressortir avec un diplôme d’Etat d’ambulancier, ce qui nous permettra d’avoir du personnel plus qualifié. »
"On s’est aperçu que la seule voie de l’apprentissage n’allait pas suffire"
Pour répondre aux besoins des entreprises dans ce domaine, à l’institut de formation des soins infirmiers (IFSI) du Puy-en-Velay, on dispense désormais une formation pour le précieux sésame : le diplôme d’Etat d’ambulancier. Pierre Morin, directeur de l’IFSI, explique : « C’est une formation en 12 mois avec 2 possibilités d’accès, soit l’apprentissage, soit la formation professionnelle. Notre objectif était de diversifier l’offre de formation sanitaire sur le territoire. On s’est aperçu que la seule voie de l’apprentissage n’allait pas suffire. Ça ne couvrait pas toutes les demandes. On communique de plus en plus et je pense qu’on va monter en puissance. On n’a pas non plus pour objectif de former 50 personnes par an car on veut que la formation soit pérenne. »
Une formation compatible avec la vie de famille
Pour cette toute première promotion, à la clef, un emploi presque garanti et une nouvelle qualification. Une douzaine d’élèves, originaires pour la plupart du département, vont suivre le cursus, comme Yohann Bredoire : « Je suis auxiliaire depuis 5 ans au Puy-en-Velay. Je voulais m’améliorer pour évoluer en tant qu’ambulancier, pour apprendre plus de choses et devenir un ambulancier confirmé. On est souvent les premiers sur les lieux, il faut être qualifié. Le fait que ce soit au Puy, c’est plus proche de la maison, ça simplifie la vie de famille. C’est plus simple que d’aller à Clermont, Saint-Etienne ou Lyon. »
Doryan Person, un autre élève ambulancier, ajoute : « J’ai fait un bac scientifique dans le Puy-de-Dôme, un BTS dans l’immobilier puis je suis devenu pompier volontaire. Ça m’a beaucoup plu, j’ai découvert tout autre chose. Ça m’a donné envie de me tourner vers l’assistance aux personnes. Je suis devenu auxiliaire ambulancier en 2022. Mon entreprise avait besoin d’ambulanciers diplômés. Le fait que ce soit au Puy, ça me fait faire moins de route. » La Haute-Loire compte un trentaine d’entreprises d’ambulances, pour environ 300 ambulanciers. Une quarantaine d’emplois y seraient à pourvoir immédiatement.
-Propos recueillis par Laurent Cluzel pour France 3 Auvergne