Samedi 7 décembre, le concessionnaire Amedea chargé de la mise en place d’autoroute du Chablais a présenté les avancées du dossier à la presse et aux élus de Haute-Savoie. Le projet, qui prévoit de relier Machilly et Thonon-les-Bains, suscite toujours l’opposition des agriculteurs et des associations de défense de l’environnement.
En débat depuis plus d’une quarantaine d’années, le projet d’A412 dite autoroute du Chablais se concrétise enfin. Samedi 7 décembre, le concessionnaire Amédéa a dévoilé les contours du projet, qui promet de désenclaver cette région de Haute-Savoie proche du Genevois.
- Quel tracé ?
Le tronçon de 16,5 kilomètres traversera douze communes dans le Chablais entre Machilly et Thonon-les-Bains, dont Allinges, Lully ou encore Balaison. L’ouvrage se veut très technique, avec une multitude de ponts de franchissement et un pont-rail.
20 000 usagers devraient emprunter quotidiennement l’infrastructure selon les prévisions, ce qui leur permettra de gagner 15 à 20 minutes sur un temps de trajet qui dure jusqu’à ¾ d’heure aux heures de pointe.
Les habitants empruntant l'autoroute pour leurs trajets du quotidien bénéficieront d'un tarif préférentiel, avec abonnement qui diminuera les prix de 30 à 50 %. Les véhicules Crit’Air 0 bénéficieront de 20 % de remise supplémentaire.
"Dans le Chablais, on sait que beaucoup de nos concitoyens doivent prendre leur voiture tous les jours et rencontrent des difficultés de circulation, reconnaît Yves Le Breton, préfet de la Haute-Savoie. Cela occasionne des difficultés sur le plan de la sécurité routière et de l’environnement, car tous ces bouchons soulèvent des problèmes environnementaux".
- Quelles infrastructures ?
L’A412 sera composée de 2x2 voies, limitées à 110 km/heure. Elle sera une autoroute dite "en péage à flux libre", c’est-à-dire sans payante mais sans barrières pour permettre aux automobilistes de circuler sans s’arrêter.
"Lorsqu’un véhicule passe sous un portique, il est reconnu par son badge télépéage ou par sa plaque d’immatriculation. Le paiement du trajet s’effectue automatiquement si le conducteur dispose d’un badge télépéage ou s’il a enregistré sa plaque d’immatriculation. Autrement, le trajet peut être réglé dans les 72 heures après le passage", précise le concessionnaire dans son dossier de presse.
En parallèle, Amédéa construira 10 kilomètres de véloroute et des voies vertes longeant l’autoroute. Deux aires de covoiturage situées à Perrignier et Thonon-les-Bains seront équipées de bornes de recharge électrique.
- Quel budget ?
Au total, le projet nécessite un financement de 315 millions d’euros, auquel il faudra ajouter 25 millions d’euros pour édifier un pont-rail à Allinges.
- Quelles oppositions ?
Ce projet suscite l’opposition des associations environnementales, mais aussi des agriculteurs locaux. En juin dernier, ils avaient manifesté contre le projet car l’autoroute empiéterait sur une cinquantaine d’hectares agricoles. Lors de la conférence de presse, le concessionnaire Amédéa a assuré que tout était fait pour limiter les impacts.
"On travaille avec la chambre d’agriculture Savoie Mont-blanc pour savoir quels impacts directs et indirects ça peut avoir sur les exploitations. Et ensuite nous aurons un mécanisme de compensation individuelle et collective" a déclaré Philippe Le Sénéchal, directeur opérationnel Amédéa.
De son côté, le conseil départemental a annoncé qu’il doublerait le montant des compensations du concessionnaire.
- Quel calendrier ?
Les travaux devraient débuter en septembre 2026 pour une mise en service en 2029.
Mais les opposants de l’Association de Concertation et de Proposition pour l’Aménagement et les Transports (ACPAT) sont toujours en attente de deux recours : l’un déposé devant le Conseil d’Etat, l’autre devant la Cour européenne de justice.