À Annecy, le restaurant inclusif L’atout Cœur est menacé de fermeture. Ouvert depuis deux ans, il réunit autour d’un chef valide six travailleurs handicapés, en cuisine et en salle. Mais le départ de plusieurs chefs coup sur coup a fragilisé l’association.
Le réalisateur Artus a beau donner un coup de pouce sur ses réseaux, l’Atout Cœur reste désespérément fermé. En un mois, le restaurant d'Annecy n’a ouvert que deux jours.
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Faute de chef, les six salariés handicapés sont au repos forcé, comme Léa, pressée de retrouver les fourneaux. "Le travail me manque un petit peu, explique la jeune femme, dont l’Atout Cœur était la première expérience professionnelle. J’ai appris à faire pas mal de choses comme des entrées, des plats et des desserts. Un peu de tout. Et ça me plaît drôlement bien !"
Depuis un an, Léa était en CDI dans ce restaurant inclusif porté par une association de parents d’enfants handicapés. En deux ans, l’établissement a déjà formé une trentaine de ces jeunes aux métiers de la cuisine et du service.
"Pour elle, ça représentait tout. Ça représentait l’aboutissement de ses études, l’opportunité de montrer ce qu’elle savait faire, mais aussi de se créer de belles amitiés", regrette sa mère Claire Maggioli.
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Mais l’encadrement par les valides n’est pas si évident : quatre chefs ont déjà rendu leur tablier, engendrant un fort turnover et des périodes de fermeture.
"On a peut-être sous-estimé ces difficultés, reconnaît Marie-Bénédicte Tessier, gérante de l'Atout Cœur. Parce qu’en tant que parents, on est habitués au quotidien à vivre avec nos enfants et il y a des choses qui nous semblent faciles, mais qui sont peut-être difficiles pour des professionnels de la restauration qui ne sont pas familiarisés avec le handicap. Ceux qui viennent ici sont contents mais derrière, il y a de l’usure. Car derrière ce petit truc en plus, il y a les difficultés de la personne qui porte son handicap".
Une cagnotte au secours du restaurant
Pour éponger une partie des dettes du restaurant, une cagnotte en ligne a été ouverte. Les 100 000 euros demandés serviront à payer les charges courantes et à renflouer la trésorerie.
"Aujourd’hui, on a vraiment besoin d’un grand élan de solidarité qui comprenne le besoin de continuité de ce restaurant pour pérenniser l’emploi des jeunes, afin qu’ils ne se retrouvent pas sur le carreau dans quelques mois, explique la mère de Léa. Ce qui voudrait dire, pour eux, l’isolement social et pour nous, parents, de se remettre en quête d’accompagnement pour trouver un emploi, ce qui est un parcours du combattant".
À l’avenir, l’association souhaiterait faire appel à un éducateur spécialisé afin d’accompagner le personnel du restaurant et d’encadrer les équipiers porteurs de handicap.
En attendant, les rendez-vous s’enchaînent pour tenter de trouver un nouveau chef. Et le temps est compté : l’Atout Cœur vient d’être placé en procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce.
