Six soignants ont été blessés à la suite d'une agression le 8 janvier au service des urgences de l'hôpital privé des Pays de Savoie, à Annemasse. Le ministre de la Santé Yannick Neuder s'est rendu sur place ce samedi pour annoncer plusieurs mesures.
Le ministre de la Santé Yannick Neuder s'est rendu ce samedi 11 janvier à l'hôpital privé des Pays de Savoie (HPPS) situé à Annemasse, en Haute-Savoie, à la suite de l'agression de six soignants ce mercredi. Deux frères s'en seraient pris au personnel des urgences, blessant six personnes qui ont fait l'objet d'ITT de 7 à 15 jours.
"En réunion avec Gérald Darmanin [ministre de la Justice, NDLR] et Bruno Retailleau [ministre de l'Intérieur], nous souhaitons clairement afficher cette tolérance zéro vis-à-vis des agressions d'une façon générale des détenteurs de l'autorité publique, mais particulièrement sur les soignants", a déclaré Yannick Neuder à son arrivée dans l'établissement, en fin de matinée.
"Les soignants sont particulièrement exposés dans ces périodes de grippe mais aussi d'une façon générale, car la tension sur le système de la santé en France est malheureusement bien là. Mais c'est intolérable donc il y a un certain nombre de mesures que nous voulons renforcer très rapidement", a annoncé le ministre de la Santé, ancien député (LR) de l'Isère.
"Peines renforcées" pour les agressions de soignants
Le gouvernement envisage notamment de mettre en place "des peines renforcées vis-à-vis des agressions des soignants" : "C'est quelque chose d'important, c'est permettre que l'on puisse aussi dénombrer toutes les agressions de soignants. Que ce soit dans les structures d'hospitalisation ou en ville, tous les soignants sont exposés", a estimé M. Neuder.
Il est également envisagé, en cas d'agression, que les victimes puissent déposer plainte "sous forme d'anonymat", au nom de l'établissement de soins, afin d'éviter "qu'il y ait des représailles sur les soignants eux-mêmes, sur leur famille, sur leurs enfants, leurs parents", a-t-il ajouté.
"Il faut toutes ces mesures d'accompagnement pour que s'occuper des autres reste un beau métier, que cela reste une vocation, une quête de sens souvent redemandée. (...) On ne peut pas avoir un système de santé qui ne prenne pas soin de ses soignants et qui ne protège pas ses soignants", a insisté le ministre, appelant à "une stabilité pour pouvoir mettre en place ces politiques".
Yannick Neuder est arrivé en fin de matinée à l'hôpital privé des Pays de Savoie pour rencontrer la direction de l'établissement, le personnel, et visiter le service des urgences où a eu lieu l'agression. Parmi les quatorze personnels impliqués, "tous sont en état de choc psychologique", nous indiquait une porte-parole de l'établissement. Six souffrent de "tuméfactions au visage" et pour certains d'entre eux "d'une côte fêlée, d'un traumatisme à une cheville ou d'une fracture à une main".
L'espoir d'un "changement"
"C'était assez violent, tout s'est passé vraiment très vite", se rappelle Kimberly Seco Cordero, secrétaire du service des urgences présente ce samedi matin. "Il y a eu une petite altercation avec l'infirmière qui travaillait cette nuit-là, quelqu'un d'autre est arrivé et ça a dégénéré. Tout le monde est intervenu pour les arrêter mais ils étaient très forts. On n'a pas réussi à les retenir jusqu'à ce que la police arrive."
"C'est l'aspect psychologique qui est le plus compliqué, retourner travailler dans ces conditions. On espère qu'après ce qu'il s'est passé, on puisse avoir un changement dans notre hôpital et dans les autres. On demande d'avoir un personnel de sécurité aux urgences en permanence, quelqu'un qui puisse agir pour avoir plus de sécurité dans notre service", plaide Kimberly Seco Cordero.
Les suspects, deux frères âgés d'une trentaine d'années, se sont enfuis à bord d'une voiture après l'agression. Ils ont été interpellés ce jeudi 9 janvier à midi et placés en garde à vue. Le personnel a exercé son droit de retrait et les urgences de la clinique privée devraient rouvrir lundi 13 janvier.