Trois avalanches mortelles se sont produites dans des massifs des Alpes du Nord depuis le début de la saison hivernale. Ces accidents mortels ont eu lieu à chaque fois en zone hors-piste. Stéphane Bornet, directeur de l'Anena, rappelle l'importance d'être équipé et expérimenté.
Depuis le début de la saison hivernale 2024-2025, quatre skieurs sont décédés dans des accidents dus aux avalanches dans les Alpes du Nord. La dernière en date remonte au dimanche 12 janvier : deux Estoniens sont morts après le décrochement d'une plaque de neige dans un secteur hors-piste de Val d'Isère.
Stéphane Bornet, directeur de l’Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches (Anena), rappelle l’importance d’être aguerri et équipé lorsque l’on skie en hors-piste, d’autant plus aux abords des domaines skiables.
France 3 Alpes : On dénombre quatre victimes depuis le début de la saison, où se situe-t-on par rapport à l’an dernier à la même époque ?
Stéphane Bornet : Ce qui est assez notable cette année, c’est que l’ensemble des accidents d’avalanche ont eu lieu sur la Savoie. L'année dernière, la Savoie était totalement épargnée d’accident mortel pendant l’hiver.
On reste sur des chiffres relativement faibles en termes d’accidentologie, toujours trop important en termes de victimes. Mais cette année, on est dans la moyenne classique de ce qu’on connaît à cette période sur les hivers précédents.
Quels sont les scénarios d’avalanche cette année ?
Cette année, ce qui est marquant, c’est que les trois accidents mortels, qui ont généré quatre décès, s’opèrent sur des scénarios assez similaires avec, à chaque fois, des victimes qui ne sont pas équipées de DVA et qui sont assez inexpérimentées en matière de ski hors-piste.
Ces personnes se permettent d’aller en hors-piste en station parce qu’elles se sentent en sécurité, à tort, car le hors-piste en station présente les mêmes dangers que la pratique du ski en montagne. Il n’y a pas de sécurisation préventive d’avalanche sur les secteurs hors-piste. Quand on fait du déclenchement préventif, il est avisé de sécuriser les pistes, les infrastructures, les routes, les itinéraires et en aucun cas les hors-pistes.
Les gens s’autorisent des choses sur les domaines skiables qu'ils ne s’autorisent pas en montagne par le manque d’équipement, de préparation de leur sortie et surtout, ce que l’on note cette année, c’est que ces accidents ont eu lieu juste après un épisode de neige important, avec des vents relativement forts qui ont formé des accumulations facilement sollicitables avec des avalanches qui peuvent être très conséquentes.
À partir de quel risque est-ce dangereux de fréquenter la montagne ?
Les deux tiers des victimes d’avalanche ont eu lieu par risque 3/5. C’est un risque qui est évalué comme étant marqué. Si on regarde l'échelle sur cinq niveaux, il faut bien se dire que par risque 5, ce qui est relativement rare, on entend des avalanches de grande ampleur qui peuvent impacter des infrastructures, des routes et descendre jusqu’en vallée.
Le risque 4, c’est le risque maximum pour fréquenter la montagne, donc le risque 3 sur une échelle à quatre niveaux, ce n’est pas la même chose que sur une échelle à cinq niveaux.
Comment est le manteau neigeux actuellement ?
Sur les massifs des Alpes du Nord, on est actuellement sur un risque d’avalanche évalué à 2/5 avec quelques massifs, notamment l’Oisans, Belledonne et le massif du Mont-Blanc, qui restent à 3.
La pratique du hors-piste exige d’être accompagnée par un guide et de disposer du matériel nécessaire.
Stéphane Bornet, directeur de l'Anena
On a actuellement une évolution météorologique qui va amener des nouvelles chutes de neige et là aussi, avec du vent, potentiellement la formation de nouvelles plaques friables facilement sollicitables, même si la quantité est modeste. Il faudra toujours rester vigilant dans les prochains jours.
La pratique du hors-piste exige d’être accompagnée par un guide et de disposer du matériel nécessaire (pelle, sonde, détecteur de victime d’avalanche).