Le maire de Chamonix convoqué devant une juge d'instruction pour "favoritisme" et "prise illégale d'intérêts"

Eric Fournier sera auditionné par la justice mi-octobre dans l'affaire de la délégation de service public attribuée à la Compagnie du Mont-Blanc en 2013. En tant que maire de Chamonix et actionnaire de l'entreprise, il est soupçonné de "favoritisme" et "prise illégale d'intérêts".

Le maire de Chamonix va être entendu par une juge d'instruction et risque la mise en examen dans l'affaire judiciaire qui le suit depuis 2013. Eric Fournier est convoqué jeudi 17 octobre par la magistrate au tribunal de Bonneville (Haute-Savoie), soupçonné de "favoritisme" et "prise illégale d’intérêts". Il y sera auditionné dans le cadre d'une enquête ouverte en 2018 sur l'attribution d'un contrat de délégation de service public (DSP) à la Compagnie du Mont-Blanc, annonce l'édile dans un communiqué, confirmant une information du Dauphiné Libéré.

L'entreprise haut-savoyarde était alors la seule à se porter candidate pour récupérer la gestion des domaines skiables de la commune. "Il s’agissait de mettre fin à l’éparpillement de concessions hétéroclites et alors organisées par domaines et d'obtenir pour Chamonix des investissements très significatifs et immédiats de la part de notre nouveau délégataire", explique Eric Fournier dans un communiqué, sans vouloir s'exprimer davantage sur cette affaire couverte par le secret de l'instruction.

 

Actions "oubliées"


Il est d'abord soupçonné, avec deux anciens élus, de "prise illégale d’intérêts" dans l'attribution de cette DSP à la Compagnie du Mont-Blanc en sa qualité d'actionnaire au sein de cette même entreprise. Des actions qu'il a héritées de ses grands-parents, assure-t-il, après que ces derniers les ont acquises "il y a 65 ans" auprès des ancêtres de la Compagnie du Mont-Blanc, une poignée de sociétés locales.

L'édile était en droit de détenir une participation au capital de la société, mais à ce titre, il lui était interdit de prendre part aux délibérations du conseil municipal sur l'attribution de la DSP. Et c'est là que les doutes demeurent puisque, selon les informations de nos confrères, les gendarmes en charge de l'enquête n'ont pas encore retrouvé les enregistrements des séances décisives auxquelles il est soupçonné d'avoir participé.

Le maire de Chamonix admet avoir pris part au vote sur l'attribution de la délégation de service public en décembre 2013. Mais il se défend en affirmant avoir "oublié l'existence" de sa participation "involontaire de 0,00002 % (au capital) de la Compagnie du Mont-Blanc et «consort»", niant toute mauvaise foi dans cette affaire.

 

Le "libre jeu de la concurrence" en question


Dans le second volet de cette affaire judiciaire, l'édile est suspecté d'avoir favorisé la Compagnie du Mont-Blanc dans l'attribution de la DSP en 2013. L'enquête avait été ouverte après la publication d'un rapport de la chambre régionale des comptes qui pointait un contrat très favorable à l'entreprise gestionnaire des remontées mécaniques. Au coeur de ce dossier, le protocole "MBU/MBM" (Mont-Blanc illimité) a piqué la curiosité de la magistrate instructrice.

Des produits tarifaires, appartenant à la Compagnie du Mont-Blanc, qui étaient imposés au futur délégataire dans les termes du texte. Selon le maire de Chamonix, cette pièce faisait partie du dossier de consultation "pour garantir aux candidats une économie générale du contrat proposé", bien que la juge d'instruction en ait eu une lecture différente. L'édile devra donc répondre des faits dont il est soupçonné qui seraient de nature à "fausser le libre jeu de la concurrence".
 
S'il se dit "personnellement et profondément blessé", Eric Fournier est "serein" en vue de cette convocation. En avril, l'édile s'était déjà retrouvé en grade à vue dans cette même affaire aux côtés du président de la Compagnie du Mont-Blanc Mathieu Dechavanne. Mais cette fois, il vient d'annoncer sa candidature aux élections municipales de 2020.

 
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