Les ménages suisses, un moteur économique pour les zones commerciales frontalières de Haute-Savoie ? L'idée reçue a la vie dure, mais dans les faits, assez peu de Suisses viennent s'approvisionner en France, préférant les commerces de quartiers. Explications.
C'est une première dans l'agglomération franco-suisse d'Annemasse-Genève : une enquête de consommation a été menée pour cerner les habitudes des ménages Français et Suisses vivant à la frontière. "Qui consomme quoi, où, comment et pour combien ?" : voilà la question que se sont posées les instances politiques du Grand Genève. Un moyen de mieux développer ce territoire en pleine mutation... et tordre le coup à certaines idées reçue.
La plus importante concerne sûrement les zones commerciale française. De véritables aspirateurs à francs suisses ? Dans les faits, il n'en n'est rien : seulement 10% des Genevois font leur courses en France voisine.
"Dans le débat genevois, on déplore toujours que « les centres commerciaux français nous volent nos clients ». Mais on voit que ce n'est pas si fort que ça, nuance Antonio Hodgers, président du Conseil d'Etat de Genève. Par contre, il y a une part de mobilité voiture très importante, 85%, et ça c'est un problème pour nous." Car en Suisse, le gouvernement veut réduire au strict minimum les trajets en voiture. Un objectif encore loin d'être atteint.
Vers la fin des zones commerciales périphériques ?
Pour les Suisses, le modèle c'est plutôt la petite ou moyenne surface commerciale de proximité, dans le quartier... et quelques soit le quartier. Partout à Genève, vous trouvez des Migros ou des Coop à un arrêt de bus maximum, ce qui limite largement l'usage de la voiture. Tout les contraire de la France voisine.
"Je crois que les zones commerciales qu'il faut limiter, c'est celles qui consomment énormément d'espace en périphérie et qui, dans les prochaines années, seront mises à mal puis qu'elles sont en concurrence entre elles", estime Pierre-Jean Crastes, vice-président du Pôle Métropolitain chargé de l'aménagement du territoire et de la transition énergétique.
Bref, chacun consomme encore beaucoup chez soi, mais ces "petits 10%" de Suisses qui achètent en France font toute la différence pour certaine grande enseignes de notre pays. Sur une somme de 100 euros disponible pour sa consommation, un ménage suisse en dépensera 9 dans les magasins français. A l'inverse, un résident français dépensera 5 euros sur 100 en Suisse.
La France est donc plus attractive malgré tout, surtout en raison du coût de la vie, plus avantageux que de l'autre côté de la frontière. Mais certains expert se méfient du jour où le franc suisse ne sera plus tout à fait aussi fort face à l'euro.