Une des étapes de la Coupe du monde de biathlon s’installe au Grand-Bornand (Haute-Savoie), du 19 au 22 décembre. Problème, la neige n’est pas encore au rendez-vous. Comme en 2022, les organisateurs ont dû utiliser des camions pour acheminer de la neige de culture sur le site de la compétition.
Des camions, remplis à ras bord de neige, descendent la montagne pour blanchir le site utilisé pour la Coupe du monde de biathlon au Grand-Bornand (Haute-Savoie). Des images qui avaient déjà interpellé en 2022 et qui se reproduisent cette année à quelques jours de la tenue de l’épreuve.
La commune accueillera la troisième étape du circuit international, du 16 au 22 décembre. Et, à l’heure actuelle, le manque de neige se fait sentir.
6 000 mètres cubes de neige déplacés
Si la plupart des compétitions de sports d’hiver nécessitent bel et bien de la neige de culture, entre autres, pour assurer la sécurité des sportifs, c’est ici le transport de cette neige sur plusieurs kilomètres qui pose particulièrement problème.
Le maire du Grand-Bornand, André Perillat-Amédé (divers), se défend et explique notamment que la quantité transportée a été divisée par deux par rapport à 2022 : "On a fait un deuxième stockage sur le site mais il n’est pas encore complètement opérationnel. Cette année, on a eu un besoin de 5 000 à 6 000 mètres cubes de neige et de deux jours et demi de transport. L’année dernière, c’était 12 000 mètres cubes.”
Selon l'édile, le but est de ne plus avoir besoin de ce transport dès l’année prochaine : "En 2025, on a pour objectif d’être complètement opérationnel uniquement sur le site". Le maire signale aussi avoir fait des études d’empreintes carbones au sujet de cet événement : "Pour le bilan de 2022, on est sur 4 500 tonnes de CO2 émis. 80 % sont liées au transport des spectateurs et des athlètes. Sur l’aspect neige, on est à 0,8 % de l’empreinte carbone soit 30 tonnes de CO2", détaille-t-il.
Un non-sens pour les associations environnementales
Mais pour les associations de défense de l’environnement comme Mountain Wilderness, cette démarche est un non-sens : "Tout ce qu’on fait pour faire durer ce modèle et contribuer à donner l'impression que tout va bien nous met dans un retard de plus en plus critique pour engager les changements nécessaires", clame Vincent Neirinck, expert en protection de la montagne pour l'association. Selon lui, plus que l’empreinte carbone, c’est l’image donnée par de ces opérations qui est problématique.
À se demander si ce n’est pas de la provocation, autant le faire dans un stade et on en parle plus.
Vincent NeirinckMountain Wilderness
"J-15 pour les Mondiaux de biathlon au Grand-Bornand, sans neige. On passe direct au plan C comme camions", écrit Valérie Paumier, fondatrice de l'association Résilience Montagne, sur le réseau social X.
J-15 pour les mondiaux de biathlon au grand Bornand, sans neige.
— valerie paumier. RESILIENCE MONTAGNE (@Valerie_Paumier) December 2, 2024
On passe direct au plan C comme camions…
Les années sans neige se suivent et se ressemblent… vivement les #JO2030 à @mongrandbo non ? pic.twitter.com/VPmHE9QQdE
Alors aujourd’hui quelles solutions pour la tenue d’une épreuve en France tout en respectant des considérations environnementales ? Pour Mountain Wilderness, il faut pouvoir changer les dates lors desquelles se tiennent les épreuves et potentiellement l’altitude. Une possibilité envisagée par les organisateurs mais qui doit se coordonner avec l’IBU et les autres étapes du Championnat du monde.
Un débat encore ouvert qui n’est pas près de s’apaiser. Selon une étude publiée en août dernier, la neige naturelle pourrait disparaître dans une grande partie des stations des Alpes Françaises dès 2°C de réchauffement mondial.