Ces samedi 25 et dimanche 26 janvier, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et le Muséum national d’histoire naturelle ont invité les citoyens à participer au comptage national des oiseaux des jardins. Une "opération essentielle" à laquelle ont participé de nombreux passionnés d’ornithologie en Haute-Savoie.
Faites-vous partie des personnes qui ont permis d'en apprendre plus sur la santé des populations d'oiseaux ce week-end ? Samedi 25 et dimanche 26 janvier, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et le Muséum national d’histoire naturelle ont organisé une grande opération de comptage des oiseaux des jardins.
À cette occasion, comme partout en France, les jardins et parcs de la Haute-Savoie se sont transformés en observatoires à ciel ouvert. En silence, jumelles en main, des passionnés d’ornithologie étaient à l’affût du moindre mouvement, dans les arbres et les buissons.
"Là, je vois un petit rouge-gorge qui est bien planqué dans les branches d'un arbre. C'est un oiseau qu'on voit assez souvent dans les jardins justement et très présent sur le site de Crosagny. C'est un petit oiseau qui n'est pas farouche du tout et qui se laisse facilement approcher", observe Viviane Fay, présidente de l'Association des étangs et du moulin de Crosagny (AEMC).
Selon les organisateurs, cette opération est "essentielle pour mesurer l’état de santé de la biodiversité". "Cela va nous servir en priorité à analyser les fluctuations des populations d'oiseaux espèce par espèce et ensuite à prendre des mesures de protections pour les espèces qui en ont besoin, notamment en protégeant leur habitat", explique Didier Besson, président de la LPO de Haute-Savoie.
Des actions concrètes pour la protection des oiseaux
En Haute-Savoie, ces observations ne se limitent pas aux jardins. Grâce aux données qui permettent de mieux connaître le territoire des espèces observées, des actions concrètes sont envisagées. "On rencontre des agriculteurs et on leur explique qu'ils ont des espèces chez eux qui nichent et qu'ils doivent éviter de les déranger en allant couper une haie, par exemple. On a une base de données avec des milliers voire des millions d'observations qui permettent ensuite de faire des préconisations auprès des pouvoirs publics et des professionnels de la nature", précise Didier Besson.
La ligue pour la protection des oiseaux de la Haute-Savoie travaille aussi de concert avec les communes du département "pour restaurer des habitats des espèces bien particulières comme les chouettes et des pies-grièches. C'est un travail de longue haleine, mais qui porte ses fruits", se réjouit Didier Besson.
Toutes les données que nous récoltons, par exemple celles qu'on a faites ce matin, le muséum d'histoire naturelle à Paris s'en sert. Pour eux, c'est une mine d'or d'informations inépuisable.
Didier Besson, président de la LPO de la Haute-Savoie
Depuis 2012, ces rendez-vous se tiennent deux fois par an, en janvier et en mai, afin de disposer d'éléments de comparaison pour les périodes d'hivernage et de reproduction. Le comptage se déroule dans un protocole précis qui permet de recueillir des données également exploitables par les scientifiques.
"Elles servent aux associations, mais aussi aux scientifiques.Toutes les données que nous récoltons, par exemple, celles qu'on a faites ce matin, le muséum d'histoire naturelle à Paris s'en sert. Pour eux, c'est une mine d'or d'informations inépuisable", fait savoir le président de la LPO de la Haute-Savoie.
"Des observations précieuses"
En France, le comptage des oiseaux est le plus important dispositif de sciences participatives impliquant le grand public. Parmi les participants, des ornithologues chevronnés, mais aussi des amateurs de plus en plus nombreux. "D'année en année, il y a plus d'observateurs, d'ornithologues, et même des naturalistes en herbe. Même si parfois on se trompe, les observations sont précieuses quand même."
L'observation des oiseaux permet à la fois de se rendre compte de l'érosion de cette biodiversité et en même temps donne un peu d'espoir sur la possibilité malgré tout de la renouveler, de la protéger.
Bernard Clément, photographe amateur
Une science participative, à laquelle Bernard Clément, passionné de photographie, a rapidement adhéré. "L'observation des oiseaux permet à la fois de se rendre compte de l'érosion de cette biodiversité et en même temps donne un peu d'espoir sur la possibilité malgré tout de la renouveler, de la protéger, de faire en sorte qu'elle aille mieux dans les prochaines décennies", raconte-t-il.
Une baisse de près de 30 % des populations
Alors que l’enthousiasme des participants et le nombre croissant d’observateurs sont encourageants, le tableau dressé par les experts reste sombre. En trente ans, les populations d’oiseaux des villes et des campagnes ont diminué de près de 30 %.
Si deux grands rendez-vous sont réservés à cette opération dans l'année, il reste très facile de le faire à tout moment avec seulement un téléphone portable. "Il suffit d'installer une application qui s'appelle Naturalist. Tout le monde peut la télécharger et rentrer des données en se baladant avec une petite paire de jumelles dans un jardin ou dans un parc. Ça aide la science", conclut Didier Besson.