L'élection présidentielle française, dont le deuxième tour aura lieu dimanche 24 avril, défraie la chronique en Suisse. Les observateurs de l'autre côté du lac Léman voit un deuxième tour, bien plus "dangereux" qu'en 2017, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
La campagne d'entre-deux tours bat son plein entre les deux candidats qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle. Avant le vote, dimanche 24 avril, l'élection est suivie de près par nos voisins italiens, mais aussi helvétiques.
La Suisse, où près de 65 000 Français sont allés voter lors du premier tour, scrute de près cette élection. La réédition d'un duel entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron "confirme les fractures d'un pays divisé sur son avenir. Mais en accordant la première place au président sortant, les électeurs français démontrent qu'ils ne considèrent pas le repli comme fatal pour la République, en 2022", analyse l'éditorialiste du quotidien hélvétique Le Temps, Richard Werly.
Pour lui, les résultats du deuxième tour pourraient être plus serrés qu'en 2017. S'il veut l'emporter face à Marine Le Pen, le candidat Emmanuel Macron devra fédérer dans cette nouvelle campagne : "Il devra donc, dans les jours à venir, démontrer que son slogan de campagne 'Nous tous' n’était pas qu’une formule de communication. Il devra démontrer qu’il peut, à 44 ans, être le pont entre ces deux pays avant tout divisés par un 'ressenti' terrible : celui de la dépossession, celui des frustrations, celui des colères."
"La quinzaine la plus dangereuse"
Pour Malika Nedir, cheffe de la rubrique Monde de la Tribune de Genève, Marine Le Pen a réussi à se construire une nouvelle image ces cinq dernières années, qui la rendrait plus éligible à la fonction suprême : "En cinq ans, la candidate, laminée après son débat calamiteux et son échec face à Emmanuel Macron, a refait surface, restauré son autorité sur un parti qui la jugeait cramée et incapable de briser le plafond de verre qui bloquait les Le Pen élection après élection. Mais son véritable exploit, c’est qu’elle ne fait plus peur. Marine Le Pen a réussi à faire oublier qu’elle est bien une candidate d’extrême droite."
La candidate du Rassemblement national apparaîtrait "avant tout comme la candidate du pouvoir d’achat, proche de ceux qui voient flamber avec angoisse leur facture d’essence". Pour la journaliste du quotidien suisse, "la France s’apprête à vivre la quinzaine la plus dangereuse de son histoire récente".
Un débat qui interroge
De l'autre côté du lac Léman, le débat du deuxième tour, prévu mercredi 20 avril, fait également parler. Notamment puisque les deux candidats auraient décidé de s'opposer au choix de la journaliste de France 2, Anne-Sophie Lapix, pour arbitrer les discussions.
"On est surpris à chaque élection de constater que les candidats peuvent faire le 'casting'", s'inquiète Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste en communication dans l'émission "Tout un monde", sur la RTS : "C'est malheureusement la procédure en France."
"La présidence de la République a l'habitude pour les interviews du chef de l'Etat de choisir les journalistes", rappelle-t-il avant d'observer : "C'est une pratique quasi-monarchique."
En Suisse, l'élection présidentielle est suivie de près. Le pays alpin accueille la plus grande communauté française installée à l'étranger, avec près de 184 000 ressortissants. Lors du premier tour, Emmanuel Macron y a recueilli près de 45,7 % des suffrages exprimés, devant Jean-Luc Mélenchon (18 %), Yannick Jadot (8,42 %), Eric Zemmour (8,41 %) et Marine Le Pen (7,1 %).