Les problèmes de recrutement de personnel dans les Ehpad sont accrus en Haute-Savoie où les loyers sont prohibitifs pour les aides-soignantes.
Fatima, embauchée à l'Ehpad de Sillingy, est toujours à la recherche d'un logement. Elle a failli dormir dans sa voiture pour garder son emploi.
Fatima est aide-soignante depuis dix-huit ans. Cet été, elle a vu passer l’appel de l’Ehpad de Sillingy lancé sur les réseaux sociaux : l’établissement cherchait à recruter. Elle a alors pris la décision de quitter la région parisienne pour s’installer en Haute-Savoie.
Mais depuis son arrivée à Sillingy, à une quinzaine de kilomètres d'Annecy, impossible de trouver un logement. Elle s'était même résolue à dormir dans sa voiture.
"C’est horrible au niveau des loyers, c’est très excessif. Un studio, ça va jusqu’à 750 euros, donc on n’a pas le choix. Je ne demande pas grand-chose, juste un studio, je ne suis pas exigeante", explique-t-elle.
Depuis début janvier, Fatima a donc trouver refuge dans une chambre libre de l'Ehpad, de quoi "poser ses valises en continuant les recherches".
Un problème de logement récurrent
Le cas de Fatima est loin d'être une exception. "On a eu le cas dernièrement d’une personne qui venait d’un autre département, elle est restée quatre mois dans un mobil-home à 1000 euros par mois, ce qui est tout-à-fait déraisonnable. Au bout de quatre mois, elle a baissé les bras et elle a fini par partir", raconte Eric Lacoudre, le directeur de l'Ehpad Le bosquet de la Mandallaz à Sillingy.
Le reste à vivre est en effet bien maigre quand le salaire plafonne à 1500 euros mensuels.
Shania, une autre collègue de Fatima, âgée de 20 ans, a fait face aux mêmes difficultés. Pendant huit mois, elle a été hébergée par sa soeur. Elle vient de trouver un logement à loyer modéré avec l'aide de l'établissement.
Dans un contexte de recrutement tendu au niveau national, la Haute-Savoie cumule les freins à l'attractivité pour le personnel soignant. La proximité de la Suisse où les salaires sont plus élevés déroute les aides-soignants de l'autre côté de la frontière. C'est aussi cette proximité qui rend les logements chers et peu disponibles.
Conséquences : des fermetures de lits, faute de personnel
"Aujourd’hui, quand chaque personne compte et qu’on voit bien que c’est de plus en plus compliqué de trouver du personnel, ce sont des problématiques sur lesquelles la Haute-Savoie doit agir", ajoute Eric Lacoudre.L'association qui gère l'Ehpad a décidé d'investir dans l'immobilier. D'ici à deux ans, elle devrait disposer d'un logement neuf qu'elle proposera en colocation à son personnel nouvellement arrivé.
En attendant, trois postes restent vacants dans l'Ehpad. En Haute-Savoie, 200 lits auraient été fermés dans les Ehpad, faute de personnel.