Le vote suisse en faveur d'une limitation de l'immigration est une mauvaise nouvelle pour l'Europe, a regretté ce lundi 10 février, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui a souligné que l'Union européenne allait devoir réviser ses relations avec la Suisse.
"C'est un vote préoccupant parce qu'il signifie que la Suisse veut se replier sur elle-même (...) et c'est paradoxal car la Suisse fait 60% de son commerce extérieur avec l'Union européenne", a souligné à la radio RTL le ministre des Affaires étrangères.
"C'est une mauvaise nouvelle à mon avis à la fois pour l'Europe et pour les Suisses, parce que la Suisse refermée sur elle-même, ça va les pénaliser", a-t-il poursuivi, en estimant que "la Suisse toute seule ne représente pas une puissance économique considérable".
"On va revoir nos relations avec la Suisse", après cette décision des Suisses d'introduire des quotas d'immigration, a ajouté Laurent Fabius. "Il y a depuis 1999 des accords avec la Suisse qui portent notamment sur la libre circulation des travailleurs et sur beaucoup d'autres éléments et il y a une clause dite de +guillotine+ qui fait que si l'un des éléments est mis en cause, tout tombe, donc ça veut dire qu'il va falloir renégocier", a-t-il détaillé.
Les électeurs suisses ont dit "oui" dimanche, à une courte majorité de 50,3%, à une limitation de l'immigration, ce qui est vécu par la classe politique nationale comme un coup de tonnerre et un désaveu mais surtout comme un saut dans l'inconnu pour les relations de la Suisse avec l'Europe.
La Commission européenne a aussitôt "regretté" la décision des Suisses d'introduire des quotas d'immigration et a prévenu qu'elle "examinera les implications de cette initiative sur l'ensemble des relations entre l'UE et la Suisse".
En France, pays frontalier avec la Suisse où travaillent de nombreux Français, le parti d'extrême droite Front national, présidé par Marine Le Pen, a pour sa part salué "la lucidité du peuple suisse".
Le référendum, intitulé "contre l'immigration de masse", a été organisé à l'initiative du parti UDC (droite populiste), excédé par la forte hausse du nombre des immigrés ces dernières années depuis l'adhésion de la Suisse à la libre-circulation dans l'Europe, appliquée depuis 2002.