Crise des vocations, désaffection face à la charge de travail ou simple manque d'informations ? Le centre hospitalier universitaire de Grenoble Alpes peine à recruter. Le CHU a donc lancé son premier job-dating ce jeudi pour attirer des soignants mais aussi d'autres agents techniques. 400 postes sont à pourvoir.
Depuis plusieurs semaines, sur les bus ou sur les tramways de la métropole grenobloise, une question s'affiche en grand : "Et si ta place était avec nous ?"
Elle vient du CHU Grenoble Alpes qui a lancé une campagne de communication pour inciter des centaines de professionnels à rejoindre ses équipes. L'hôpital cherche à recruter 400 personnes, dont 230 infirmiers et 80 aide-soignants.
"L'hôpital, dans l'esprit des gens, cela se résume souvent à des médecins, des infirmières", indique François Verdun, le directeur des ressources humaines du CHUGA.
"En fait, il y a beaucoup plus de métiers. Un hôpital, c'est comme une petite ville. Il faut de tout pour faire fonctionner un hôpital : il faut de la lumière, des électriciens, des plombiers, du personnel soignant bien entendu, mais aussi des gens qui font les payes, qui font le recrutement, des manipulateurs de radios, des ingénieurs informaticiens, des gestionnaires RH, etc.", détaille François Verdun qui insiste sur les besoins en plombiers et en électriciens, des "métiers très recherchés".
Une campagne sur Instagram et sur Tik Tok
"On manque de personnel, le recrutement est faible parce que je pense aussi qu'il faut changer nos modes de communication et nos modes de diffusion des postes et du recrutement", ajoute Sébastien Bonté, cadre de santé en stérilisation.
Depuis peu, le CHU s'active donc sur les réseaux sociaux pour attirer des candidats. L'hôpital a créé un compte instagram fin 2022 et commence à publier sur Tik Tok. Le nombre de "followers" est encore confidentiel, mais la stratégie vise à toucher un public jeune et à "s'adapter aux nouveaux moyens de communication". Les vidéos mises en ligne présentent les différents métiers de l'hôpital au travers de témoignages, comme celui de Jérôme, ambulancier depuis 18 ans (voir publication ci-dessous).
Car le constat est là : l'hôpital a du mal à trouver des candidats. Le contexte local et national de manque de moyens chronique dans le système de santé y est-il pour quelque chose ?
Récemment, une partie du personnel des urgences du CHU de Grenoble dénonçait une situation "apocalyptique", face au manque de moyens pour s'occuper des patients. Des opérations ont dû être déprogrammées aux urgences pédiatriques, faute d'infirmiers de blocs opératoires, et ce vendredi 12 mai, ce sont les étudiants de l'Insitut de Formation des Professionnels de Santé qui ont manifesté pour dénoncer leurs conditions d'études et de stages.
"La fierté de travailler à l'hôpital", "sans nier les difficultés"
"Les problèmes que l'on connaît, nous à Grenoble, sur les urgences, sur les difficultés dans les unités de soins et la charge de travail, ce sont des problèmes que l'on a partout, dans les autres CHU. Donc, effectivement, comme on entend beaucoup parler de cela, il y a peut-être un élément qui inquiète, parce qu'on a l'impression que les gens souffrent au travail", réagit François Verdun.
"Ce n'est pas que vrai. On en entend beaucoup parler mais vous savez quand vous êtes dans les services de soins, les patients sont remarquablement impressionnés par le dévouement et la passion des gens dans ce travail", ajoute-t-il. "Il faut travailler sur l'attractivité, sur la charge de travail, sur les conditions de travail et il ne faut pas oublier aussi qu'il y a beaucoup de gens qui sont fiers de travailler à l'hôpital et ce message de fierté, il faut aussi qu'on le porte, sans nier les difficultés", reconnaît le directeur des ressources humaines du CHUGA.
"Moi ça m'attire", confie Laurence, venue participer à ce job-dating. "Je suis en reconversion professionnelle. Je voudrais trouver ma voie et quelque chose qui me plaise vraiment", dit-elle. Elle aimerait s'orienter sur un poste d'auxiliaire en puériculture, mais elle est ouverte à d'autres propositions. "Je suis disponible pour venir travailler. Sur le poste de secrétaire médico-sociale, c'est un métier en tension donc apparemment, il y aurait des disponibilités", indique-t-elle.
Sidonie, aide-soignante, est également venue tenter sa chance, après avoir découvert l'affiche du job-dating lors d'une consultation à l'hôpital. "Comme c'est un grand centre hospitalier, il y a des possibilités de voir de nouvelles choses", dit-elle. A la question de savoir si les conditions de travail lui font peur, elle répond : "un peu mais on sera bien encadré et puis qui ne tente rien n'a rien, on verra bien. Je suis venue en tant que patiente, j'ai profité des services de l'hôpital, alors si je peux rendre ce service à mon tour, pourquoi pas ?"