Une semaine après l'ouverture du procès pour viol des cinq ex-rugbymen du FC Grenoble, la victime présumée a livré sa version des faits devant la cour d'assises de la Gironde. Un témoignage marqué par un "black-out" au moment des faits en 2017.
Sept longues années se sont écoulées. Et sept ans après, une jeune femme, aujourd'hui âgée de 27 ans, était attendue à la barre de la cour d'assises de la Gironde. Son témoignage, très attendu, devait revenir sur cette nuit de 2017 lors de laquelle elle affirme avoir été victime d'un viol collectif impliquant cinq anciens rugbymen du FC Grenoble.
Victime d'un "black-out" à la sortie de discothèque
Dans un procès qui se déroule à huis clos, à la demande de la plaignante, il a fallu attendre une suspension de séance pour découvrir les tenants et aboutissants de sa prise de parole. "Elle s'est expliquée avec sincérité et pudeur. Elle avait l'émotion que vous pouvez imaginer mais elle a été très digne", a souligné Me Gaessy Gros auprès de l'AFP. "Elle a dit la même chose qu'elle a toujours dit, dès le début."
Elle est revenue sur ce soir de 2017. Au cours d'une "troisième mi-temps" festive qui s'est tenue dans un bar après un match de Top 14 entre l'Union Bordeaux-Bègles et le FC Grenoble, elle avait fait la rencontre de plusieurs joueurs grenoblois.
La soirée s'était ensuite prolongée en discothèque, où l'alcool coulait à flot. "Le black-out commence à la sortie de discothèque", a rapporté Me Gros. La plaignante affirme avoir repris ses esprits nue sur un lit d'hôtel, avec une béquille dans le vagin, entourée de deux hommes nus et d'autres habillés.
La défense plaide un rapport consenti
La jeune femme, qui avait 20 ans à l'époque, dit avoir été violée alors qu'elle était dans un état second. Face à elle, cinq ex-joueurs du FCG siègent sur le banc des accusés. Les mis en cause, l'Irlandais Denis Coulson, le Français Loïck Jammes et le Néo-Zélandais Rory Grice, reconnaissent les relations sexuelles mais plaident le consentement.
L'Irlandais Chris Farrell et le Néo-Zélandais Dylan Hayes comparaissent, eux, pour avoir assisté à la scène sans intervenir, dans une chambre d'hôtel à Mérignac, en banlieue bordelaise.
Le problème, ce n'est pas ce qu'elle ressent, c'est ce que les garçons ont pensé de son comportement.
Me Corinne Dreyfus-Schmidt, avocate de Denis Coulson
Dans l'après-midi, la victime présumée a répondu aux questions de la défense. À la sortie de l'audience, à la mi-journée, Me Corinne Dreyfus-Schmidt, l'avocate de Denis Coulson a déclaré : "Pour nous, il n'est absolument pas question de penser que cette jeune femme ment. Elle a un traumatisme, elle se réveille, elle se retrouve dans une chambre d'hôtel avec des rugbymen, nue. On comprend qu'elle soit dans une situation de panique."
"Mais le problème, ce n'est pas ce qu'elle ressent, c'est ce que les garçons ont pensé de son comportement", ajoute-t-elle, faisant référence à une vidéo tournée par son client pendant un acte sexuel. Selon elle, la jeune femme s'y montre "active, c'est pas une chiffe molle, elle n'est pas dans un coma éthylique. Son comportement laisse à penser qu'elle était consentante et participative".
Le procès s'est ouvert le lundi 2 décembre et se déroule à huis clos jusqu'au 13 décembre prochain devant la cour d'assises de la Gironde.