Dix motoneiges, confisquées par la justice après une condamnation de leur propriétaire pour usage illégal, ont été distribuées ce mardi 4 février à des services de secours en montagne. Une "première", selon la justice.
"C’est tout à fait inhabituel dans la nature des biens que l’on va remettre à nos services de secours en montagne que sont le PGHM et la CRS Alpes. C’est aussi inhabituel par le nombre. Je vais signer la remise de dix motoneiges confisquées par la justice dans le cadre d’une infraction pénale qui vont bénéficier à nos services", a insisté le procureur général près la cour d'appel de Grenoble, Christophe Barret.
Dix motoneiges d'une valeur de 20 000 euros
Les puissants engins, chacun pesant 350 kg et d'une valeur neuve de 20 000 euros, ont été remis lors d'une courte cérémonie à Grenoble aux secouristes du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) et de la CRS Alpes, dont ils viendront renforcer la flotte dans différents massifs (Alpes, Pyrénées ou Massif central). Leur remise gratuite à des services engagés dans le secours en montagne est une "première", s'est-il félicité.
L'entreprise GTR Mountain, à la station de ski de Chamrousse (Isère), a pendant près de 20 ans organisé des randonnées en motoneige jusqu’au sommet du domaine. Mais en 2020 et 2021, les associations de protection de l’environnement Mountain Wilderness et France nature environnement Isère (FNE 38) ont porté plainte pour dénoncer ce manquement à la loi.
L’activité a été jugée illégale par la justice et l’entreprise s’est vu confisquer dix motoneiges, une décision confirmée en 2022 par la Cour d’appel de Grenoble. La société s’est finalement pourvue en cassation. La plus haute juridiction a rendu un arrêt le 19 novembre 2024, rendant les dérogations définitivement illégales à Chamrousse.
Compléter les moyens des secours en montagne
Les machines sont par conséquent devenues, il y a quelques semaines, propriétés de l'État, qui a donc décidé de les remettre gratuitement aux services de secours en montagne. "L'attribution des motoneiges aux services de secours est d'autant plus justifiée que la zone a déploré, en 2024, le chiffre énorme de 54 décès en montagne et plus de 800 blessés", a précisé Christophe Barret, saluant leur "très grande compétence et très grand courage".
L'attribution des engins représente "une opportunité pour nous de compléter nos moyens", s'est de son côté réjoui le capitaine Frédéric Binet, commandant en second du PGHM de l'Isère. "Lorsque la météo ne permet pas l'usage de l'hélicoptère, ce sont des opérations terrestres qui ont lieu et ce type d'engin peut permettre de tirer facilement quatre personnes à ski", a-t-il expliqué.
Les dix motoneiges attribuées aux secours porteront des autocollants "véhicules confisqués par la justice", a ajouté le procureur général.