C'est l’un des plus grands alpages d’Europe avec ses 1200 hectares. Le Sénépi, situé à presque 1800 mètres d’altitude, non loin de la Mure, accueille chaque été près de 800 vaches. Sylvain Turc veille sur elles depuis maintenant 30 ans.
Chaque année, quand arrive le mois de juin, Sylvain Turc rejoint l’alpage du Sénépi, en Isère, situé au milieu des sommets de l’Obiou, du Taillefer et du Mont-Aiguille. C’est au milieu de ce décor idyllique que le berger pose ses valises pendant près de quatre mois : "Dès l’arrivée des bêtes au mois de juin, je dois vraiment leur faire voir l’immensité qui leur est offerte", confie le berger.
Un des plus grands alpages d’Europe
Car l’alpage du Sénépi est l’un des plus grands d’Europe avec ses 1200 hectares de terrain. Chaque jour, le berger parcourt entre 17 et 20 kilomètres en 4x4 pour veiller sur la santé de ses 810 vaches. "Je fais mon petit tour, je les fait se lever, je regarde qu’elles n’aient pas de problème. Je veille à ce qu’il ne leur arrive rien. Je vérifie que tout fonctionne correctement. Il faut veiller au moindre détail, assure-t-il. Parfois, ce sont des mouches qui me font voir qu’il y a une ou deux infections naissantes. Et quand elles se lèvent aussi, là, on remarque plus facilement si elles boitent. Comme je fais le tour tous les jours, il m’arrive rarement des choses compliquées."
Pour effectuer sa mission, Sylvain ne quitte jamais sa paire de jumelles : "L’alpage du Sénépi est à 2/3 découvert, il suffit que je monte un peu sur un promontoire pour observer avec mes jumelles. Ca me fait une vue d'ensemble et ça me facilite le travail. Là, par exemple, il y a un troupeau qui est en bas, il y a une vache qui est couchée alors que toutes les autres sont encore en train de pâturer, donc c’est à celle-ci que je vais devoir apporter un peu plus d’attention."
La polyvalence, le cœur du métier
En plus de l’observation, pour exercer le métier de berger, il faut faire preuve de polyvalence : contrôler les clôtures, effectuer des soins ou répartir l’eau dans tout l’alpage. Être berger est un métier à temps plein. "C’est un métier qui est très prenant, c’est 120 jours non-stop, il faut être présent du matin jusqu’au soir, quelquefois même la nuit quand il y a des soucis, des bêtes coincées dans les bois. On est à la disposition du troupeau", ajoute Sylvain.
130 bergers exercent en Isère et seulement trois sont en CDI, comme Sylvain. Mais sa fonction première ne suffit pas. Il a donc créé son entreprise pour effectuer des travaux en montagne.
S’adapter
Après 30 ans saisons passées à exercer sa passion, Sylvain doit sans cesse s’adapter. Cette année, il a dû faire face à la sécheresse : "Cet été, la saison a été hors du commun par rapport à la sécheresse, au manque d'eau. Sur le Sénépi, on est bien équipé, on a cinq bassins sur tout l’alpage. C'est surtout le manque d’herbe qui nous a embêtés."
Si, dans les prochains jours, la quantité n’est pas au rendez-vous, la saison d’alpage, qui devait durer jusqu’au 15 octobre, pourrait finir, cette année, un peu plus tôt. Mais aujourd'hui, pour rien au monde le berger ne changerait de métier : "Je suis dans un cadre somptueux, magnifique, qui change au fil des saisons. On ne peut que s’émerveiller chaque jour de tout ça."