Grenoble : des centaines de manifestants dénoncent la mise à la rue de jeunes migrants majeurs

Publié le Mis à jour le
Écrit par Margot Desmas avec Jean-Christophe Pain

Près de 400 personnes ont manifesté à Grenoble ce mercredi pour demander une meilleure prise en charge des jeunes migrants majeurs. Arrivés à 18 ans, ils ne sont plus pris en charge et se retrouvent souvent à la rue, entravant leur formation et leurs chances de décrocher un travail.

Associations et jeunes migrants ont fait front commun à Grenoble où près de 400 personnes se sont réunies mercredi 11 septembre. "Que vont-ils devenir ?", questionnent les pancartes brandies par les manifestants du collectif "Migrants en Isère" qui dénoncent, depuis la fin août, la mise à la rue de plusieurs dizaines de jeunes majeurs pourtant en cours de formation ou même diplômés.



"On est face à quelque chose qui nous fait peur, quelque chose qu'on ne maîtrise pas", lance Alexis, éducateur spécialisé à l'Adate qui vient en aide aux migrants. Jusqu'à leurs 18 ans, les mineurs sont hébergés par le Conseil départemental de l'Isère, autorité compétente. Mais une fois majeurs, s'ils n'ont pas obtenu la nationalité française, ils se retrouvent expulsés et finissent souvent à la rue.

 



"Quand un jeune fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français et qu'il ne bénéficie plus de rien alors qu'on l'a accompagné pendant plusieurs années, c'est un problème, reprend le jeune bénévole. Ce sont des jeunes qui ont fait des formations, qui étaient inscrits dans des lycées ou en voie d'insertion. On a l'impression d'avoir travaillé pendant deux ans pour rien, c'est attristant et insécurisant pour eux."



 

"Je n'avais aucun avenir"



Le cortège, qui a terminé sa route devant le siège du Département, est aussi passé par la préfecture qui refuse à bon nombre de migrants le titre de séjour qui leur permettrait de travailler. "On demande juste à avoir un accompagnement ou un titre de séjour pour pouvoir travailler, c'est tout, clame Cheriff, arrivé en France il y a trois ans et récemment mis à la rue. J'ai passé plusieurs semaines dehors. Je n'étais pas scolarisé et je n'avais aucun avenir."



Dans les mains des manifestants, un livret de 30 propositions pour l'hospitalité rédigé par 400 personnes issues d'associations militantes et de collectifs. Parmi les priorités figure la formation des jeunes, un "facteur-clé d'insertion", rappelle ce document. "Il s'agirait de leur donner le droit de terminer une formation qualifiante pour se mettre au travail, avoir un logement, vivre normalement, argue Stéphane Dezalay, membre du collectif "Migrants en Isère". Le droit à la formation ne doit pas être subordonné au droit au séjour."

 


Le "Livret de l'hospitalité" s'adresse en priorité aux élus locaux de toute la France. Il prône également un hébergement pour tous et une embauche facilitée. "Ces jeunes sont souvent demandeurs d'évoluer dans des métiers en tension : restauration, bâtiment, métallurgie... On a fait des enquêtes précises auprès des branches professionnelles, donnons-leur le droit de travailler et ils seront autonomes", prône de son côté Monique Vuaillat, membre du même collectif qui a dressé une liste de recommandations.



Mais le dialogue semble difficile entre les manifestants et la majorité départementale. Pourtant, l'Isère compte une cinquantaine de collectifs d'habitants accueillant des réfugiés. A la fin du mois, députés et sénateurs débattront de ces questions à l'Assemblée nationale. Le livret de l'hospitalité leur sera remis en mains-propres le 21 septembre.



 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité