Cent-soixante-neuf objets de la Seconde Guerre mondiale ont été donnés, dont une grande partie par des familles, au musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble. Grâce à la grande collecte participative lancée par le musée en Isère, quatre-vingt-treize accessoires vont intégrer les collections permanentes.
La collecte participative du musée de la Résistance et de la Déportation a pris fin le 1er juillet dernier. Après de nombreux mois d'analyses, 169 objets ont été retenus par le musée.
Une grande partie d'entre eux ont été dévoilés à la presse, ce mardi 22 mars. Parmi ces 169 propositions retenues, 93 accessoires vont intégrer les collections permanentes dans les prochaines semaines.
Un franc succès
Une grande réussite pour Alice Buffet, directrice de l'établissement : "On peut effectivement parler de succès. Nous sommes ravis. Nous avons eu plus de 300 propositions de dons. Nous les avons toutes analysés pour aboutir à 93 objets qui ont intégré les collections."
Parmi les autres propositions, 63 vont entrer à l'inventaire documentaire et 13 vont rejoindre les collections du centre de documentation. Quels ont été les critères de choix ? "Une méthodologie stricte et scientifique, répond Alice Buffet. Nous nous sommes entourés d'un premier comité scientifique qui a statué sur la pertinence des objets en fonction de leur documentation. Puis, nous avons présenté ces 93 objets à la DRAC (la direction des affaires culturelles, ndlr) pour les faire accepter."
Une collecte contre l'oubli
Parmi ces objets, figurent beaucoup d'accessoires pour les prisonniers de guerre. Des objets "absents des collections jusque-là". Pour cause, cette mémoire "a été assez tue à leur retour en 1945 parce qu'ils sont revenus en même temps que les déportés", explique la directrice du musée.
Ainsi Marie-Christine et Chantal sont venus ce jour-là porter au Musée la valise de leur papa, Henri Grimonet qui fut prisonnier de guerre en Allemagne au Stalag 9. Sur cette valise, les initiales et la plaque de prisonnier, ainsi qu'un étrange cochon affublé d'un "Heil Hitler" avec des inscriptions en allemand un peu mystérieuses. Marie-Christine et Chantal ont également retrouvés des courriers et la photo de Henri portant cet objet qui fait désormais partie des collections du Musée.
"On a un pincement au coeur en vous la confiant, sourit l'une des filles. "Mais, affirme l'autre, "C'est sur, notre papa aurait été très heureux de voir sa valise ici, c'est une page qui se tourne" concluent très émues les deux donatrices devant la directrice du Musée Alice Buffet et notre équipe présente ce jour-là.
Le musée a également reçu une peluche Babar, qui avait été offerte à une petite fille par Marie Reynoard, une grande résistante de Grenoble. "Marie Reynoard était collègue de la maman de cette petite fille au lycée Stendhal. C'est un objet assez touchant."
A l'heure où les derniers témoins disparaissent, Alice Buffet explique aussi qu'il y a avait urgence à conserver ces objets qui parfois disparaissent au cours de tri lors de successions.
Qui aurait-eu par exemple, l'idée de garder une petite ardoise qui avait été distribuée lors de la venue du Maréchal Pétain aux enfants de Grenoble et Vienne? Sur celle-ci Alice Buffet nous montre les mentions "Travail, Famille, Patrie" qui racontent l'époque. Une époque qui parle aussi de privations et de rationnement avec une petite robe rose cousue dans un voile de berceau pour habiller un petit bébé lors d'un mariage ou de jolies chaussures habilement fabriquées avec du bois et de la débrouille pour que sa propriétaire puisse trotter avec coquetterie.
Bientôt présentés au grand public
Et ces témoignages du passé continuent d'affluer. Les propositions retenues sont actuellement en train d'être collectées, répertoriées et classées par les équipes du musée chez les donateurs et seront prochainement visibles au musée, situé dans le centre-ville de Grenoble et ce avant le grand déménagement, à l'horizon 2025 dans les nouveaux locaux du Palais du Parlement, place Saint-André à Grenoble.
Ainsi, la valise d'Henri Grimonet avec son emblème du Dauphiné et son cochon truculent fera partie des objets "Totem" de la collection.