Dans une tribune publiée par le Dauphiné Libéré, 135 scientifiques grenoblois s'insurgent contre l'élargissement de l’A480 à l'horizon 2022. Le chantier, d'un coût de 300 millions d’euros, permettra de passer à trois voies. Une hérésie pour les signataires du texte.
Dans une tribune publiée ce mercredi 16 janvier par le Dauphiné Libéré, 135 scientifiques dont 50 chercheurs de la ville interpellent les élus et décideurs locaux pour dénoncer l'élargissement de l'autoroute A480. Pour eux, ce projet chiffré à 300 millions d'euros et qui permettrait de créer une nouvelle voie de circulation pour diminuer les embouteillages autour de l'agglomération, est une hérésie.
Ils expliquent : "L’agglomération grenobloise subit déjà les conséquences du réchauffement climatique et les projections pour le 21ème siècle laissent augurer une intensification des situations caniculaires et des modifications profondes de l’environnement dans et autour de la ville. Les conséquences du réchauffement se combinent aux effets sanitaires de la qualité de l’air dégradée subie dans l’agglomération grenobloise, du fait des émissions liées au transport et aux combustions résidentielles et industrielles, dont les effets sont amplifiés par la configuration de notre vallée alpine".
"Ce projet est en contradiction avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre"
Et d'insister : "Nous, scientifiques grenoblois investis dans les activités de recherche et d’enseignement dans le domaine des sciences du climat, de l’environnement et de la transition énergétique, en appelons aux responsables politiques et administratifs en charge du dossier A480 pour les enjoindre à reconsidérer ce projet, et mettre en cohérence dès à présent les orientations de développement territorial avec les enjeux primordiaux de qualité de l’air et des futurs climatiques. Alors que le trafic routier est le principal contributeur des émissions de gaz à effet de serre en France et contribue fortement à la dégradation de la qualité de l’air, nous exprimons notre incompréhension vis-à-vis du projet d’agrandissement de l’A480. Dans des contextes similaires, l’élargissement de tronçons routiers est systématiquement associé à une croissance du trafic, et des nuisances et émissions induites. Ce projet est en contradiction totale avec l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau national et mondial, et les enjeux environnementaux locaux (qualité de l’air, bruit)".
L'élargissement de cette autoroute urbaine a obtenu le feu vert des autorités après deux enquêtes publiques menées en 2018. Une déclaration d’utilité publique a été signée le 23 juillet dernier par le préfet de l’Isère. Par ailleurs, quatre Grenoblois ont déposé un recours au tribunal administratif contre ce projet.