La situation devient critique aux urgences du CHU Grenoble-Alpes, confrontées à un important afflux de patients. La direction de l'hôpital appelle les personnes dont "la gravité de l'état ne nécessite pas de prise en charge urgente" à privilégier une consultation en médecine de ville.
Chaque hiver, le scénario se répète. Avec l'arrivée des épidémies et des accidents liés au sports d'hiver, les urgences du CHU Grenoble-Alpes sont engorgées. Mais d'après certains des médecins, la situation est exceptionnelle cette année. Le manque d'effectifs n'a, selon eux, jamais été aussi criant.
"C'est la première année où on est obligés, aux urgences, de fermer des lignes de médecins, rapporte le Dr Benoit Besse, médecin urgentiste au CHUGA. On a dû faire appel à la solidarité de nos collègues des étages pour une activité spécifique des urgences qui est une unité d'hospitalisation de courte durée, on n'était plus assez nombreux en tant que médecins urgentistes."
Dans un communiqué, la direction de l'hôpital grenoblois appelle les patients dont "la gravité de l'état de santé ne nécessite pas des soins urgents" à privilégier une consultation auprès de leur médecin traitant. Un document présentant les alternatives de prise en charge est diffusé au sein de l'établissement. Dans ce même document, l'hôpital prévient par ailleurs qui "le délai de prise en charge (des patients) pourra ainsi être significativement allongé" dans cette période de forte affluence. Aux urgences du CHU, 20% des effectifs font défaut.
"Il y a urgence à transformer le système de santé"
Certains urgentistes de Grenoble qui dénoncent cette situation font partie des médecins qui menacent aujourd'hui de démissionner de leurs fonctions administratives. Un ras-le-bol face à la réponse insuffisante de l'Etat, notamment sur le manque de personnel. Une situation due aux arrêts maladies non remplacés et au turn-over des médecins, dont un tiers est contractuel.
"Il y a urgence à transformer le système de santé, estime Monique Sorrentino, directrice générale du CHU de Grenoble-Alpes. Il y a vraiment une réforme qui est engagée depuis 2018 et qu'on va accélérer, mais c'est compliqué parce qu'il y a plein de lignes d'équilibre qui vont être perturbées. Ca demande une concertation entre les différents acteurs donc il y a une volonté d'aller dans ce sens, mais ça ne peut pas se faire en claquant des doigts."
Une meilleure collaboration avec la médecine de ville et un recrutement engagé depuis l'été dernier font partie des pistes avancées par la nouvelle direction de l'hôpital pour améliorer les conditions de travail des urgentistes grenoblois. Un vaste chantier et un défi pour les mois à venir.