Grève au CHU de Grenoble : "On a 60 patients sur les brancards tous les matins", une médecin urgentiste raconte son quotidien

Cette semaine, le personnel hospitalier du CHU Grenoble-Alpes se mobilise pour dénoncer le manque de moyens financiers et humains auxquels il fait face depuis de nombreuses années. Stéphanie est médecin urgentiste au CHU depuis 10 ans, elle nous raconte son quotidien et ses difficultés.

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Des services d’urgences fermés la nuit, des malades qui attendent sur des brancards pendant plusieurs heures. En Isère, la prise en charge des patients est de plus en plus compliquée. Stéphanie Bernard fait partie de ceux qui travaillent dans l’urgence avec de moins en moins de moyens. Elle nous raconte.

Moins de services d'urgences ouverts la nuit

"Je suis urgentiste depuis 10 ans au CHU de Grenoble, j’ai un temps partagé entre les urgences de Voiron et le Samu 38 où je suis régulateur. Je fais partie de ces médecins qui peuvent vous prendre au téléphone et engager les secours pour vous prendre en charge."

Une mission de plus en plus difficile car, dans la métropole, seul le CHU de Grenoble est ouvert la nuit et propose un accueil des patients.

"L’hôpital de Voiron est fermé cinq nuits par semaine, la clinique mutualiste est fermée à partir de 22 heures tous les soirs, la clinique des Cèdres est ouverte, mais elle n’a pas un plateau technique suffisant pour prendre en charge tous les patients", déplore la médecin urgentiste.

Ça devient compliqué d’adresser les patients au bon endroit quand la moitié du territoire est fermée.

Stéphanie Bernard, médecin praticien hospitalier aux urgences et au Samu Grenoble-Alpes

"On essaye de prioriser, de temporiser en sachant que tous les services réouvrent à 8 heures. Quand on a des appels à 4 heures du matin, 5 heures du matin, on essaye de commander des ambulances pour que les gens arrivent à 8 heures au bon endroit pour éviter de surcharger le CHU, mais c’est compliqué."

Une situation qui se dégrade d'année en année

Depuis que Stéphanie exerce aux urgences, la situation s’est considérablement aggravée : 
"Quand j’ai commencé aux urgences de Grenoble, on n’était pas contents quand on laissait un ou deux patients sur les brancards et que l’on faisait une relève. Actuellement, au CHU, on a une moyenne de 60 patients restant sur les brancards tous les matins."

Cette situation, Stéphanie et ses collègues l’ont dénoncée à maintes reprises sans que rien ne bouge. Cette fois-ci, pour interpeller la direction, des tentes ont été installées sous leur bureau. Et pour la première fois, des citoyens sont venus soutenir le mouvement.

C’est primordial qu’il y ait des citoyens, car tant qu’ils ne parleront pas du problème, ça ne bougera pas. L’hôpital appartient aux citoyens, c’est payé par leurs impôts. S’ils ne s’emparent pas du sujet, ça ne bougera pas. C’est leur santé qui est en danger.

Stéphanie Bernard, médecin praticien hospitalier aux urgences et au Samu Grenoble-Alpes

Pour autant, malgré les difficultés, Stéphanie ne regrette pas le choix qu'elle a fait il y a 10 ans : "Ça n’empêche que j’adore toujours mon boulot. Quand je suis avec un patient, j’adore le prendre en charge, je le fais du mieux que je peux. Mais je garde toujours en tête qu’on ne pourra pas prendre en charge tous les patients."

La direction assure mettre tout en œuvre pour une meilleure prise en charge

La direction, de son côté, se dit consciente du problème et assure que tout est mis en œuvre pour améliorer les conditions de travail et la prise en charge des patients.

"Les secteurs où l’on est en difficulté, ce sont les urgences, la gériatrie, la médecine polyvalente et on a une difficulté sur les infirmières de bloc opératoire, mais ça va bien mieux", assure Monique Sorrentino, directrice générale du CHU de Grenoble-Alpes. 

"On est en train d’améliorer la situation. Par rapport à 2019, on a recruté 320 personnels non-médicaux supplémentaires. Notre effectif a augmenté de 320 personnes au niveau des personnels non-médicaux, des soignants et des médecins. On arrive aussi à recruter, on a recruté 50 médecins seniors supplémentaires." Elle a annoncé recevoir les soignants ce vendredi.

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