INTERVIEW. Expédition 5 300 au Pérou : "Les solutions trouvées peuvent servir les patients Covid"

L'expédition 5 300 reprend la route le 17 octobre prochain. Elle poursuit ses recherches dans la ville la plus haute du monde, située au Pérou, pour mesurer l'effet de la haute altitude et ses traitements sur la population.

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Les scientifiques grenoblois de l'Expédition 5300 sont sur le départ. Un an après leur premier voyage, ils décolleront le 17 octobre prochain pour poursuivre leurs recherches sur les effets de la haute altitude sur le corps humain à La Rinconada, la ville la plus haute du monde située au Pérou.

L'objectif est à la fois scientifique, avec la recherche de traitements, et humanitaire pour soutenir la population locale démunie face au mal chronique des montagnes dont ils souffrent. 

Ce travail va permettre de grandes avancées dans l'étude de l'altitude mais aussi de l'hypoxie, c'est-à-dire les effets de la diminution du taux d'oxygène dans le sang. 
 

Au cœur de la Cordillère des Andes, ces chercheurs ont réalisé une première mondiale. Jamais jusqu'alors on n'avait mesuré de cette façon les effets du manque d'oxygène sur le corps humain. Mal des montagnes, maux de crâne, sommeil perturbé, ils ont eux-même vécu une expérience difficile, à la limite du supportable.

À l'occasion de cette cinquième édition, Samuel Vergès, porteur du projet et docteur en physiologie, revient sur les résultats des dernières expéditions. 

  • Que révèlent les analyses que vous avez ramenées des quatre dernières expéditions ?

Notre question de départ était de savoir : comment un être humain peut vivre en hypoxie, c'est-à-dire avec un manque d'oxygène. Cette population vit jusqu'à 5 300 mètres d'altitude, avec moitié moins d'oxygène qu'en plaine. Leur système cardio-vasculaire montre des adaptations majeures. Leur sang est épais, visqueux, avec des taux de globules rouges qui dépassent tout ce qui a pu être mesuré sur l'Homme. 

Le cœur doit forcer pour faire circuler le sang dans le corps, ce qui provoque sur certains des maladies. D'ailleurs, il y a des signes visibles comme les maux de tête, l'extrémité des doigts violets, etc. On a essayé de trouver comment soigner cette partie de la population qui souffre, en testant certains médicaments qui réduisent le taux de globules rouges. Les résultats collectés sont toujours en cours d'analyse. 

 

 

  • Est-ce qu-il y a des résultats pratiques qui peuvent être appliqués dans d'autres régions du monde ? 

Ce type de population est un modèle de compréhension sur l'adaptation au manque d'oxygène en général. Les solutions trouvées peuvent servir, notamment pour les patients Covid. Aujourd'hui, dans nos services d'urgence, ce sont eux qui souffrent d'un manque d'oxygène. Évidement, ce n'est pas un remède, mais des connaissances supplémentaires dans le domaine médical. Les soignants sont plus conscients des limites du corps humain sur le manque d'oxygène. 

Pour ce qui est de la résistance au Covid de la population de La Rinconada, au Pérou, c'est difficile à identifier. A priori, il n'y a pas de résistance particulière. Depuis le début de l'épidémie, 50 % de la population a été touchée, avec beaucoup de complications graves. Les conditions sanitaires et la structure des services médicaux du pays rendent la population très vulnérable.

 

  • Est-ce que cela peut aussi aider les alpinistes qui subissent le mal des montagnes ?

La population de La Rinconada est un cas extrême d'acclimatation à la haute altitude. Pour nous qui vivons en plaine, notre corps a un temps d'adaptation en montagne. Alors forcément, nos études sur ces adaptations, qui se sont faites sur des générations, permettent de mieux accompagner ceux qui vont en montagne transitoirement. 

Depuis le début de l'épidémie, 50 % de la population a été touchée.

Samuel Vergès, responsable de l'expédition

Au sein du CHU, on a un service de consultations pour les alpinistes. On a la possibilité de donner des recommandations sur la vitesse de montée, les paliers d'acclimatation, la durée maximale à certaines altitudes. Par exemple, on sait qu'à 6 000 mètres d'altitude, et sur une longue durée, l'organisme peut être agressé et l'être humain garder des effets délétères durables.

 

 

  • Pour ce cinquième voyage, qu'allez-vous faire ?

L'intérêt cette fois, c'est d'étudier le développement des enfants. Il y a des problématiques comme l'étude du manque de fer dans leur métabolisme qui peut affecter leur croissance. 

Et puis globalement, il y a tellement à faire là-haut en matière de soin que l'on souhaite installer un centre franco-péruvien. On veut construire sur place un dispensaire pour qu'il y ait un lieu dédié aux soins et à la recherche en permanence.

   

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