À quelques semaines des fêtes de fin d'année, le week-end du Black Friday apparaît comme un bon moment pour faire ses achats de Noël. Mais cette course aux promotions venue des Etats-Unis ne séduit pas tous les commerçants de Grenoble. Dans un contexte économique incertain, certains refusent de casser leur prix.
Chaque année, des millions de consommateurs attendent impatiemment ce vendredi de novembre, celui qui suit la fête de Thanksgiving. Le Black Friday, "vendredi noir" en français, apporte son lot de promotions. Mais à Grenoble, certains commerçants refusent de participer à cette course aux rabais importée des Etats-Unis dans les années 2010.
Même si le jour officiel était le vendredi 29 novembre, un bon nombre de commerces n'ont pas attendu ce "vendredi noir" pour baisser leurs prix. "Black week" voire même "Black month", pour certaines enseignes, les promotions étaient fièrement affichées tout le mois de novembre.
Des commerçants indépendants incapables de s'aligner
Mais cette période est redoutée par les commerçants indépendants. Dans le centre-ville de Grenoble, beaucoup voient ce Black Friday comme un véritable "vendredi noir". Selon eux, cet événement commercial, né outre-Atlantique, profiterait seulement à une catégorie de vendeurs.
"Ce Black Friday a été détourné par les grandes enseignes pour faire de la vente de masse qui est prévue à l'avance. On gonfle les prix pour ensuite faire croire aux consommateurs qu'ils vont payer quelque chose moins cher, alors que ce n'est pas le cas. Et cela pénalise les petits commerçants car nous n'avons pas les mêmes marges", peste Nathalie Wanner, commerçante grenobloise.
En effet, les marges conséquentes réalisées par les grandes enseignes peuvent leur permettre de casser les prix de manière considérable. Difficile alors de rester compétitif pour les indépendants.
"C'est impossible pour nous de suivre ce mode de fonctionnement qui va à l'encontre même de ce que souhaitent nos consommateurs, c'est-à-dire une consommation plus éthique, plus responsable. [...] Il faut que le prix soit juste au départ et qu'il y ait une ou deux opérations de soldes par an, point final !" s'exclame une responsable de boutique de Grenoble.
"Sur le plan écologique, ça me choque !"
À l’origine, le concept du Black Friday remonte aux années 1960 aux Etats-Unis. C'est la police de Philadelphie qui utilise cette expression pour désigner une journée où les commerçants appliquent des remises importantes à quelques semaines de Noël. Une opération qui séduit et attire de nombreux visiteurs.
Mais au fil des ans, la notion de Black Friday a évolué et l'esprit du Black Friday dérange certains commerçants. "Sur le plan écologique, ça me choque ! Cela accentue les livraisons, les allers-retours de colis. Et ça pousse à la surconsommation. En fait, le jour du Black Friday, on cherche des affaires. On achète des prix et on ne cherche pas du tout la qualité", dénonce Sophie Roméra, créatrice commerçante à Grenoble.
Malgré leur conviction, cette année, certains commerçants indépendants farouchement opposés à cette grande fête commerciale ont dû faire une entorse à leurs principes. Dans un contexte de crise, Thierry De Bouter a baissé ses prix de 20 %.
"Cette année, c'est une année un peu plus compliquée économiquement. Depuis la rentrée, on sent un climat un peu difficile. Alors on va donner l'opportunité à nos clients de pouvoir faire leurs emplettes de Noël pendant seulement un week-end", explique-t-il.
Ainsi, la course aux promotions du Black Friday devrait s'achever le lundi 2 décembre. Une trêve qui durera seulement un mois puisque dès le mercredi 10 janvier, les commerces entameront les soldes d'hiver.