Des jeunes migrants, pas encore reconnus mineurs et dont le dossier est en cours d’étude, dorment à la rue chaque hiver à Grenoble. Tous les mercredis, le Secours catholique organise des ateliers culinaires. Un repas préparé ensemble pour leur permettre d’apprendre le français et de manger convenablement au moins une fois par semaine.
Derrière les fourneaux ce jour-là, dans les cuisines du local du Secours catholique, il y a Samba. Il a été nommé "responsable poulet", pour le repas du midi. Une mission que le jeune homme prend très au sérieux.
"Je fais du poulet, du riz avec de la salade, nous dit-il. Cette association nous aide beaucoup. Tous les mercredis, on peut venir pour préparer à manger ensemble. Souvent, on n’a pas de repas."
A ses côtés, Mariane et aussi Fodé. La plupart de ces jeunes sont en attente de papiers et vivent dans la rue, Fodé, lui dort sous un pont à côté de la gare de Grenoble. Les repas chauds et préparés sont rares pour lui. Alors chaque mercredi, quand il le peut, il participe aux "ateliers cuisine" proposés par le Secours catholique. Ces ateliers permettent à Fodé, Samba et à d’autres de manger convenablement, au moins une fois par semaine.
De la cuisine et des cours de français
"On prépare ensemble et on mange ensemble, ça nous fait plaisir. Au début, quand je suis arrivé ici, je comprenais le français, mais je ne le parlais pas", poursuit le jeune Samba.

Comme Samba, ils sont une quinzaine à y participer. Cet atelier est un moyen pour eux, d’apprendre à cuisiner et en même temps de pratiquer le français.
"On fait des cours de français en plus avec ceux qui ne sont pas en cuisine. Généralement, il y a beaucoup de monde, donc tous les participants ne rentrent pas en cuisine. Pour les faire patienter, on donne des cours de cuisine en parallèle de leur activité", nous explique Adélie Chieux, stagiaire en BTS économie sociale et familiale.
Les jeunes qui participent à cet atelier ont tous fui leur pays et se retrouvent aujourd’hui sans papiers en France. La plupart d'entre eux n’arrivent pas à évoquer les épreuves traversées pour venir jusqu’ici, trop douloureuses à raconter.
Un accompagnement quotidien
Fodé, lui, est venu en France avec un rêve : avoir une meilleure qualité de vie et devenir informaticien. Mais ici, il se retrouve seul et sans repères. Il fait face à un quotidien très compliqué : "Je ressens beaucoup de douleurs. Ici, je n’ai pas de parents, pas de frères. On est des enfants de la rue", déplore Fodé.
Ces enfants de la rue sont ici à Grenoble accompagnés et soutenus par le Secours catholique et d’autres associations dans leurs démarches quotidiennes. Patrick Rivoire est l’un des membres : "Développer le pouvoir d’agir, c’est un grand mot que l’on essaye de promouvoir au sein du Secours catholique. Ils viennent ici pour cuisiner et passer un bon moment. On sent que des liens forts se créent. Et entre nous aussi. Entre les bénévoles et ces jeunes, ils se passent vraiment quelque chose."
Samba et Fodé n’ont pas encore été reconnus mineurs. En attendant, avec le soutien du Secours catholique, ils reprennent petit à petit le chemin de l’école.