Des ONG et des mairies, dont Grenoble, lancent un ultimatum à Total pour lutter contre le réchauffement climatique

Publié le Mis à jour le
Écrit par Cécile Sauzay

Les maires de plusieurs villes françaises, dont la capitale des Alpes ont lancé ce mardi un appel commun avec des ONG pour demander au groupe pétrolier Total d'agir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°, faute de quoi ils pourraient l'attaquer en justice.

Arcueil, Bayonne, Bègles, Correns, Grande-Synthe, La Possession à La Réunion, Mouans-Sartoux, Nanterre, Saint-Yvon, Sevran, Vitry-le-François, la collectivité territoriale de l'Est-ensemble Grand Paris, et Grenoble. En tout, treize collectivités locales, soutenues par quatre ONG environnementalistes, font valoir qu'elles "souffrent déjà des effets du réchauffement climatique", dans un communiqué. Le maire de la capitale des Alpes, Eric Piolle, s'en explique dans une vidéo publiée sur Twitter. 



Les émissions de gaz à effet de serre de la multinationale française "représentent à elles seules plus des deux tiers de l'ensemble des émissions de la France", font valoir ces élus et ces associations - ZEA, Sherpa, Eco Maires, Notre affaire à tous. Ils se basent sur un rapport publié par l'ONG britannique CDP, qui mène une campagne annuelle sur la pollution au carbone des entreprises. Dans le cas de Total, le pétrolier aurait produit 311 mégatonnes équivalent CO2 en 2015, comparé à 463 pour la France.



"Ici, dans les Alpes, le dérèglement climatique va deux fois plus vite qu'ailleurs, alerte Eric Piolle dans la vidéo. Les glaciers fondent, les lacs se vident, la montagne s'effrite, la biodiversité disparaît, la neige va diminuer de moitié ou des trois quarts d'ici à 2050. Les appels aux bonnes volontés ne peuvent plus suffire." Selon l'édile, d'ici 2050, la ville de Grenoble vivra plus de deux mois par an au-dessus des 35 degrés, avec 10% de pluie en moins.  

 



L'élu écologiste va jusqu'à interpeller personnellement Patrick Pouyanné : "Monsieur le PDG de Total (...) votre production d'hydro-carbures a augmenté de 9% depuis la COP21 (en décembre 2015, ndlr), votre plan stratégique prévoit une augmentation de 5% par an dans les prochaines années", dénonce-t-il. 

 

Menace d'une attaque en justice

Depuis 2017, la loi française oblige les multinationales françaises à établir un plan de vigilance chez leurs sous-traitants ou fournisseurs à l'étranger. Dans un courrier envoyé au patron de Total, ces collectivités et ONG réclament que ce document prenne en compte "la réalité des impacts de (ses) activités et les risques d'atteintes grave au système climatique qu'elles induisent" et exigent du groupe qu'il "se conforme à l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C afin de prévenir un emballement du système climatique". 



"Si Total ne corrige pas son plan de vigilance 2019, une action en justice avec mise en demeure pourrait être engagée", indiquent les protestataires. 



Cette démarche s'inscrit dans un contexte de multiplication de plaintes déposées concernant le climat. En octobre, la justice néerlandaise a ordonné à l'Etat de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d'au moins 25% d'ici à 2020. En mai, une dizaine de familles ont saisi la justice européenne pour que l'UE réduise davantage ses émissions de CO2.

 
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