Les épisodes de pollution ont été nombreux cet hiver dans la région, en particulier dans les Alpes. En cause notamment, des conditions anticycloniques qui ne favorisent pas la dispersion des particules fines.
Les concentrations de polluants augmentent de jour en jour. Cinq territoires d'Auvergne-Rhône-Alpes restent placés en vigilance orange, ce lundi 20 janvier, en raison d'épisodes de pollution de l'air aux particules fines. Il s'agit principalement des grandes agglomérations (Grenoble, Lyon, Chambéry) et des vallées alpines.
Depuis le début de l'année, la région a déjà connu 14 jours de vigilance pollution selon Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, dont la plupart dans la vallée de l'Arve (Haute-Savoie) de nouveau placée en vigilance rouge ce lundi. Bien qu'habituels en hiver, ces épisodes de pollution de l'air sont particulièrement fréquents depuis quelques semaines.
"Cette année, c'est assez élevé alors qu'on est que fin janvier. Il y a dix ou quinze ans, c'était une situation assez habituelle. Mais, ces dernières années, on est sur une forte amélioration des conditions. C'est rare qu'on ait un épisode aussi long depuis quatre ou cinq ans", note Gladys Mary, correspondante territoriale pour Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.
Conditions défavorables
La multiplication des pics de pollution s'explique par une conjonction de phénomènes. D'un côté, une émission importante de polluants dans l'air notamment à cause du trafic routier ou du chauffage au bois. "L'utilisation du bois comme combustible émet énormément de polluants dans l'air, notamment des particules fines (...) qui vont pénétrer profondément dans notre système respiratoire et cardiovasculaire, et qui peuvent entraîner différentes maladies", explique Gladys Mary.
Et les conditions anticycloniques qui perdurent depuis près d'une semaine dans la région empêchent la dispersion de ces particules fines. "On a très peu de vent, des masses d'air qui ne bougent pas, donc les particules restent accumulées en grande partie où elles sont émises, à savoir les grandes agglomérations. D'autant plus dans toutes les vallées alpines, des 'cuvettes' où l'air stagne davantage", résume la correspondante d'Atmo.
On devrait avoir des mouvements d'air qui vont enfin faire bouger la masse d'air et donc diluer les polluants.
Gladys Mary, correspondante territoriale pour Atmo Auvergne-Rhône-Alpes
Parmi ces particules fines, les PM10, responsables des différents pics de pollution observés ces derniers jours en Auvergne-Rhône-Alpes. Ces "poussières" sont émises dans l'air "quand on fait brûler du bois ou quand un véhicule brûle du gasoil". Des particules "si petites qu'elles sont en suspension dans l'air, elles ne retombent pas par terre, donc on les inhale au quotidien", poursuit-elle.
Ce lundi, les concentrations de polluants "commencent à stagner" en raison des températures plus clémentes, et donc de la baisse du chauffage au bois. Puis à partir de ce mercredi, "d'après Météo-France, on devrait avoir des mouvements d'air qui vont enfin faire bouger la masse d'air et donc diluer les polluants", ajoute Gladys Mary.
Quels sont les gestes à adopter ?
Lors des pics de pollution - outre les restrictions réglementaires qui peuvent entrer en vigueur, il est conseillé de limiter l'utilisation de la voiture pour privilégier la marche, le vélo ou les transports en commun pour ceux qui le peuvent. Le chauffage au bois d'appoint peut également être interdit en cas d'épisode intense.
"C'est peu connu, les gens n'ont pas souvent ce réflexe en tête. Mais si possible, il est recommandé de se chauffer avec une autre énergie - de l'électricité, du gaz - pendant cette période pour limiter les émissions de particules fines dans l'air", conseille la correspondante d'Atmo.
Les personnes vulnérables sont également invitées à limiter les activités sportives intenses lors des épisodes de pollution de l'air et à consulter leur médecin traitant en cas de symptômes respiratoires ou cardiaques.
"Je travaille avec le CHU de Grenoble qui constate beaucoup d'admissions pour des infarctus suite aux épisodes de pollution parce que les particules fines peuvent aller dans notre sang et jusqu'au cœur. Ça peut être un accélérateur d'infarctus chez des gens qui ont déjà une prédisposition cardiaque", complète Gladys Mary.