Selon un décompte publié ce jeudi, le nombre de loups est en légère baisse en France : 1013 ont été recensés durant l'hiver 2023-2024. Ce qui abaisse également le nombre de canidés pouvant être abattus.
L'annonce était attendue par des éleveurs toujours aussi inquiets quant aux loups. Ce jeudi 12 décembre, les autorités ont annoncé le comptage de 1 013 loups dans l'hexagone durant l'hiver 2023-2024. Un résultat obtenu l'aide d'une nouvelle méthode de comptage du loup, basée sur l'analyse des données génétiques collectées durant l'hiver dernier, selon un plan d'échantillonnage territorialisé.
192 loups pourront être tués
Sur cette base, l'estimation de la population lupine est quasi stable par rapport à celle publiée en mai (1 003 loups), mais en baisse par rapport au chiffre de 1 104 communiqué en septembre 2023. Au grand désarroi des éleveurs, cette légère baisse réduit également le nom d'abattage autorisé en 2025 : 192.
L'estimation de la population de canis lupus "ne reflète pas du tout la pression de prédation sur les élevages", a immédiatement réagi Claude Font, secrétaire général de la Fédération nationale ovine en charge du dossier prédation.
"J'ai un sentiment d'abandon, vraiment, de l'élevage et du pastoralisme", a déploré auprès de l'AFP cet éleveur de Haute-Loire. "Cette année, on n'arrive pas à défendre nos troupeaux jusqu'à la fin décembre, l'année prochaine avec une baisse des prélèvements, on va encore avoir moins de moyens pour défendre nos troupeaux."
Une augmentation des attaques
Toujours d'après les chiffres de la préfecture, les attaques de loup ont augmenté de 4,6 % au niveau national, engendrant une hausse des victimes de 10,6 %, principalement dans les territoires où le loup est nouvellement présent. Près de 7,5 % des attaques ont touché des élevages bovins.
Des évolutions réglementaires pour les protéger, à l'instar de ce qui existe pour les ovins, sont en réflexion, indique cette même source. La priorité, "c'est de mettre des vrais moyens dans l'anticipation car il y a une très forte augmentation de la prédation sur les nouveaux territoires", a estimé Annabelle Wurbel, éleveuse dans la Drôme et responsable de la commission prédation à la Confédération paysanne. En attendant, pour elle, le plafond de loups à abattre n'est "pas à la hauteur" des enjeux.
Les défenseurs du loup plaident une meilleure "protection des troupeaux"
Mais pour les défenseurs de l'environnement, tirer sur cette espèce protégée n'est pas une solution. "Le seul moyen de limiter les dommages loups, c'est la protection des troupeaux", a fait valoir Roger Mathieu, coréférent loup pour France nature environnement (FNE) Auvergne-Rhône-Alpes.
"Les attaques se stabilisent voire diminuent dans les régions historiques, tandis qu'elles augmentent dans les zones de recolonisation, à l'ouest de la vallée du Rhône, parce que les éleveurs n'y ont pas l'habitude des loups et que les troupeaux ne sont donc pas protégés", a-t-il indiqué.
La stabilisation de la population au niveau national traduit selon lui une diminution dans les zones historiques, notamment dans les Alpes. "Si on continue sur cette voie, à terme on pourrait avoir une diminution très importante", a-t-il estimé, rappelant que selon les estimations de France nature environnement, entre 100 et 200 loups sont braconnés chaque année en France.
Un débat prévu lundi à Lyon
Pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO), "il semble que la preuve est faite que 19 % c'est trop, et que ça aboutit à une stagnation de la population (a minima). Un État qui voudrait garantir un bon état de conservation baisserait le taux le prélèvement".
Lundi, les acteurs concernés par le dossier pourront débattre sur le sujet lors d'une réunion à Lyon du Groupe national loup (GNL), une instance consultative qui réunit agriculteurs, défenseurs de l'environnement, élus et chasseurs notamment.
Début décembre, l'Union européenne a abaissé le niveau de protection du loup, qui était jusqu'alors une espèce "strictement protégée", allant ainsi dans le sens des éleveurs malgré la levée de boucliers des associations environnementales. A l'échelle de l'UE, le nombre de loups était évalué à 20 300 individus en 2023.