Projet d'oléoduc géant à Grenoble : le canular est revendiqué par un collectif d'activistes écologistes

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L'association "Le Bruit qui Court" a fait croire, pendant deux jours et dans de nombreuses villes françaises dont Grenoble, à la réalisation d'un pipeline de plus de 1 400 km de long. Un canular pour alerter sur le projet Eacop de l'entreprise Total, en Ouganda et Tanzanie.

Le dernier canular de l'association "Le Bruit qui Court" a semé le trouble parmi la population. Pour cause, les détails sont troublants : des avis d'expulsion ont été envoyés chez des particuliers, des permis de construire ont été affichés dans certains lieux et des marquages ont été tagués au sol laissant penser à des travaux... L'objectif : faire croire à la réalisation d'un pipeline géant de 1 443 km, qui partirait des Pays-Bas pour ensuite traverser la France du Nord au Sud.

Cette opération a été menée ce lundi 24 avril dans plusieurs villes comme Paris, Lyon, Marseille, Rouen mais aussi Grenoble. Mais il s'agit bien d'un vaste canular mené par ce collectif et destinée à alerter sur l'"absurdité du projet Eacop de Total", expliquent les activistes dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux ce mardi 25 avril.

"Cet oléoduc géant, chauffé, (déplacent) des milliers de personnes en Ouganda et Tanzanie. Une vraie bombe climatique et sociale. On a fait croire que Total allait lancer la construction d'un oléoduc géant au milieu de la France", continuent-ils. 

Vu que le diable se cache dans les détails, le collectif "Le Bruit qui Court" est allé encore plus loin dans la supercherie. Un site internet au nom du projet "Wecop" a été créé, ainsi que des comptes sur les réseaux sociaux. Un centre d'appel "parodiant l'argumentation de Total" a même vu le jour l'espace d'une journée et des pétitions ont également été lancées en ligne pour s'opposer à la réalisation du pipeline.

Eric Piolle réagit

Le maire de Grenoble, Eric Piolle, a également réagi sur Twitter à la suite de ce canular et a approuvé l'action du collectif : "Nous avons appris l'existence d'un projet pharaonique, le projet Wecop, un oléoduc qui ira de Rotterdam à Fos-sur-Mer près de Marseille. Avec les informations glanées sur le site de cette entreprise, nous avons pu voir que (l'oléoduc) allait ainsi traverser Grenoble, détruire le parc Paul Mistral, réserve de biodiversité, le plus grand parc de Grenoble et également exproprier des milliers de Grenobloises et de Grenoblois. C'est un drame et nous ne pouvons pas sacrifier nos vies sur l'autel du pétrole et des profits."

"Ce message vous a choqué ? Oui, évidemment, il est choquant, mais ce message-là, c'est juste une parodie. Par contre, avec une entreprise française Total en Ouganda, en Tanzanie, plus de 100 000 habitantes et habitants de Tanzanie et d'Ouganda qui vont être expropriés, déplacés, sur l'autel du pétrole", a-t-il poursuivi dans ce message filmé.

De la peur

"On a généré des émotions fortes chez plein de personnes : de la peur, de la tristesse, de la colère. C'était l'objectif, même si c'était difficile pour nous. Mais des personnes en Tanzanie ou en Ouganda vivent ça au quotidien puisqu'elles ont été délogées par le projet Eacop de Total. C'était une action préparée depuis plusieurs mois", ajoute Alix, une activiste rencontrée à Grenoble.

Et le canular a pris ce mardi matin, au marché de la place aux Herbes à Grenoble : "Quand j'ai vu le tract ce matin, je me suis dit que c'était parti pour neuf mois de travaux et de galère. Mais au final, non. C'est une bonne nouvelle. Mais nous faire peur comme ça pendant neuf mois, ça nous a mis dans l'embarras ce matin", explique un commerçant grenoblois.

Un projet d'ampleur en Afrique

Le projet Eacop mené par TotalEnergies consiste en la création d'un pipeline de 1 443 km entre la ville de Kabaale en Ouganda et le port de Tanga en Tanzanie. L'objectif est de tirer profit de la région du lac Albert en Ouganda qui "recèle d'importantes ressources pétrolières, estimées à plus d'un milliard de barils", explique l'entreprise française dans un communiqué

"Le tracé de l’oléoduc a été conçu pour éviter au maximum les zones d’intérêt environnemental et est principalement situé en zone de terres agricoles", continue-t-elle. Au total, ce programme comporte la relocalisation de 764 résidences principales et concerne "18 800 parties prenantes, propriétaires et utilisateurs de parcelles".

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