Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Grenoble ce samedi après la diffusion d'une vidéo montrant des policiers en train de frapper un sans-abri de 37 ans. Le vidéaste, qui nous a fait visionner la séquence complète, livre une version des faits accablante.
Des traces de sang parsèment encore le sol rue Diderot, à deux pas du cours Berriat. C'est là que trois policiers ont été mobilisés pour interpeller un sans-abri qui se trouvait en état d'ébriété vendredi 20 septembre à Grenoble. Une intervention qui fait l'objet d'une enquête judiciaire ouverte par le procureur de la République après la diffusion d'une vidéo sur Twitter montrant les fonctionnaires en train de frapper la victime.
"Il a été poussé contre le mur, projeté au sol et maintenu par terre jusqu'à l'arrivée des pompiers. Ca a duré une vingtaine de minutes", se rappelle Pierre (le prénom a été changé), l'étudiant qui a tourné la vidéo ayant entraîné l'ouverture de cette enquête judiciaire. Le sans-abri, âgé de 37 ans, a été blessé à l'arcade sourcilière et se trouvait toujours hospitalisé au CHU de Grenoble samedi, "son état de santé étant incompatible avec une garde à vue", indiquait le procureur.
#Grenoble
— berurier (@berurier_) September 21, 2019
On m'a envoyé cette vidéo de violence policière qui a eu lieu hier soir, vendredi 20 septembre à 22h33 au cours berriat. Ou deux personnes se font interpeller façon tabassage gratos.
( on m'a envoyé ça avec la musique, désolé..) pic.twitter.com/lhI48WyAYm
"De ce que j'ai vu, les policiers n'étaient pas en train de se défendre", poursuit le jeune homme qui a assisté à toute la scène. La vidéo publiée sur les réseaux sociaux, qui dure moins d'une minute, a été raccourcie et une musique a été rajoutée pour couvrir les voix des personnes présentes. Mais la séquence complète, que nous avons pu visionner, montre l'ensemble de l'interpellation. Sur ces images, le trentenaire ne se montre pas violent envers les forces de l'ordre, contrairement à ce qu'affirment les policiers.
Versions contradictoires
Dans un communiqué, la DDSP de l'Isère reconnaît qu'un policier "lui a porté un coup au visage", mais les trois équipiers présents ce soir-là ont également porté plainte contre le sans-abri pour outrage et violences sur personne dépositaire de l'autorité publique. L'homme aurait déclaré s'appeler "Adolf Hitler" de son nom et "Va te faire enculer" de son prénom avant de porter des coups aux fonctionnaires, selon le récit de ces derniers.
"Le seul moment où le SDF a été violent, c'est quand il est à terre et qu'il met un coup dans la lampe d'un des policiers", selon Pierre qui se dit "choqué" par la "violence" de cette intervention. "Au début, ça a été calme pendant environ 5 minutes puis ça a dégénéré, raconte-t-il. Les policiers lui ont frappé la tête contre le mur et en tant qu'étudiant dans le domaine médical, je connais les conséquences de ces coups."
De leur côté, les syndicats policiers évoquent une vidéo "faite pour stigmatiser les interventions de police et attiser la haine". Pour Yannick Biancheri, délégué départemental SGP Police, l'ouverture d'une enquête est un fait "habituel" pour les policiers : "C'est l'une des professions les plus contrôlées de France". La cellule déontologie du commissariat de Grenoble est chargée de faire la lumière sur ces faits.