Quelques mois après la condamnation d'un exploitant de motoneige en Isère, les associations écologistes poursuivent leur combat contre cette pratique à des fins de loisir. Les professionnels tentent eux de redorer leur image en se tournant vers de nouvelles alternatives.
C'est une épineuse question qui n'a pas fini de mettre le feu aux poudres. Jusqu'à quand et dans quelles conditions l'exploitation de motoneige sera-t-elle autorisée à des fins de loisir ? Après la condamnation d'un exploitant pour non-respect de la loi, les opposants à cette pratique souhaitent intensifier leur combat. Mais une nouveauté pourrait changer la donne, l'arrivée des scooters électriques.
En novembre 2024, la justice signait la fin de plusieurs années de procédure. La Cour de cassation avait confirmé l'interdiction à la société GTR Mountain d’organiser des randonnées en motoneige sur le domaine skiable de Chamrousse, en Isère. En cause, une circulation hors des pistes autorisées et une absence de balisage de la zone d'évolution.
Plusieurs exploitants dans le collimateur des écologistes
Pourtant, depuis 1991, la loi interdit la circulation de motoneiges à des fins de loisir en dehors d’espaces spécifiquement prévus à cet effet. Cette décision a résonné comme une victoire pour les associations de protection de l'environnement Mountain Wilderness et France nature environnement Isère qui avaient porté plainte contre l'exploitant. Mais leur combat ne s'arrête pas là. Selon elles, une cinquantaine de stations proposent des activités motoneige dans les Alpes du Nord.
"A un moment donné, il faut se dire qu'il y a un enjeu sociétal à pouvoir couper le cordon ombilical avec la bagnole ou l'engin motorisé de temps en temps"
Vincent Neirinck, membre de Mountain Wilderness
"On est en train de faire le tri entre ce qui est légal et illégal", explique Vincent Neirinck, membre de Mountain Wilderness. La liste est en train d'être établie pour les communes de Haute-Savoie, Savoie, Isère et des Hautes-Alpes. Au nom "de la tranquillité de la nature", l'association envisage de saisir les préfets concernés afin de faire appliquer la loi.
Mais cette réglementation fait face à un problème de poids. Il y a longtemps, de nombreux maires de communes de montagne ont délivré des dérogations à certains exploitants à l'instar de GTR Mountain à Chamrousse.
Un virage vers l'électrique ?
Pointés du doigt par les écologistes, les exploitants de motoneige montent au créneau. Selon eux, la condamnation de leur homologue à Chamrousse ne doit pas faire de tous les professionnels des hors-la-loi.
"Tous nos terrains ont fait l'objet d'une autorisation à l'issue d'une étude d'impact et d'une enquête publique. Elle a été délivrée par les services de l'Etat, par les mairies, par les DDE et validées par les préfets depuis plus de 30 ans. On est dans les clous !", se défend Christophe Tison, président du syndicat professionnel Quad et Motoneige.
Malgré ce discours, les exploitants de motoneige ont mauvaise presse par les temps qui courent. Et pour tenter de changer leur image, ils souhaitent se détacher du bruit et des moteurs thermiques qui leur collent à la peau. Ils entament un virage vers l'électrique. "On a des investissements très importants qui sont réalisés par les opérateurs du secteur. Aujourd'hui, les randonnées de motoneige peuvent s'effectuer dans un cadre tout à fait silencieux et respectueux de la montagne", assure William Thiry, avocat au barreau de Saint-Etienne.
L’intention est donc là. Mais à ce jour, seulement une poignée de précurseurs se sont lancés dans l’exploitation de motoneiges électriques. Et jusqu’à nouvel ordre, la loi reste inchangée. Peu importe la motorisation de ces engins, ils sont interdits de circuler en dehors des pistes prévues à cet effet à des fins de loisir.