Six mois après l'éboulement sur la commune de La Rivière (Isère), un arrêté ministériel annonce que l'état de catastrophe naturelle ne sera pas reconnu. "L'action humaine" serait en grande partie responsable du mouvement de terrain.
Le 25 juillet 2024, un pan de montagne s'est décroché sur la commune de La Rivière (Isère) au pied du massif du Vercors. Un immense éboulement rocheux a condamné la route départementale 1532 pour une durée indéterminée : 1 million de mètres cubes de matière recouvrait la route.
Six mois plus tard, l'état de catastrophe naturelle ne sera pas reconnu selon un arrêté ministériel. "Des facteurs d'origine anthropique sont prédominants dans le déclenchement du mouvement de terrain : terrassements liés à l'exploitation d'une carrière", précise l'arrêté concernant les deux communes de La Rivière et de Saint-Gervais.
Selon le texte, l'éboulement serait en grande partie lié à l'activité humaine avec l'exploitation d'une carrière en flanc de montagne, gérée depuis plusieurs années par les entreprises Eiffage et Carron. "On était en attente d'une décision mais elle reste très partielle, regrette Didier Cheneau, maire de Saint-Gervais en Isère, c'est une seule ligne dans un tableau". Pour lui, l'incertitude n'est pas levée, aucun rapport d'expertise ne leur a été transmis. "On a aucun élément de la part de la préfecture", déplore l'élu.
La montagne gronde
Ce vendredi 17 janvier, le collectif de citoyens "La Montagne Gronde" n'est pas surpris par cette nouvelle. Les habitants n'avaient jamais pointé nommément l'exploitant comme responsable mais aujourd'hui "les doutes commencent à être levés".
Pour François Izzo, cofondateur du collectif, la question de l'ensemble des responsabilités se pose. Il s'interroge : "Comment cette exploitation a pu perdurer après plusieurs alertes ?" Le journal grenoblois Le Postillon avait mené une enquête sur cette carrière. Dans celle-ci, on apprend qu'un premier éboulement avait libéré, en 2019, la dalle inclinée qui a servi de toboggan à celui survenu l'été dernier.
Aujourd'hui encore, "La Montagne Gronde" souhaite plus de transparence. "Une exploitation de carrière ne se fait pas toute seule, il faut des autorisations, des permis délivrés par des institutions”, souligne François Izzo.
Procédure plus complexe
La reconnaissance en catastrophe naturelle aurait déclenché une compensation financière : l'Etat et les assurances auraient été en charge de payer les travaux pour remettre en état la route, indemniser les propriétaires fonciers impactés ou bien la commune de Saint-Gervais suite à la perte d'une chapelle.
Mais sans cette reconnaissance, les frais seront à la charge de la partie responsable, qui reste donc à déterminer. "On ne sait pas encore vers qui se tourner", soupire Didier Cheneau. Les élus des communes autour de l'éboulement restent dans l'attente d'autres éléments et se doutent que la procédure sera "compliquée et longue".
L'élu de Saint-Gervais rappelle les nombreux impacts, plus ou moins directs, de cet éboulement. Avant l'éboulement, 7 000 véhicules en moyenne empruntaient la départementale chaque jour. Depuis, les habitants des villages voisins sont condamnés soit à de longs détours, soit à emprunter l’A49 et payer 6,60 euros pour un aller-retour entre Tullins et Saint-Marcellin.
Une réduction pour l'A49
Pour faciliter l'accès à l'autoroute A49 et aider la mobilité dans la zone de la Rivière, le concessionnaire Area a mis en place un abonnement télépéage local temporaire, depuis le 2 septembre. Baptisé "LA RIVIÈRE", cet abonnement permet aux usagers de bénéficier d'une remise de "50 % sur le prix du péage pour les trajets effectués sur l’A49 entre les péages de Vinay et Tullins, pour les véhicules légers (voitures) de classe 1, ainsi que les motos (classe 5)", avait fait savoir Area.
Quatre mois après la mise en place de cette réduction, le collectif souhaite davantage d'aides financières. "Ce n’est pas suffisant, on demande la gratuité totale car on est enclavés et cela pénalise les commerçants, les artisans et les habitants", explique François Izzo.
Le collectif souhaite désormais se transformer en association et demande aux autorités d'être partie prenante d'un projet de route et de développement du territoire.