A La Côte-Saint-André, en Isère, une dizaine de personnes se forme au métier de secrétaire de mairie. Les villes de moins de 3500 habitants peinent à recruter ces chevilles ouvrières de l'organisation d'une commune. 1900 postes sont vacants en France.
Budget, urbanisme, ressources humaines, listes électorales ou encore état civil : le secrétaire de mairie est un touche-à-tout de la vie communale. Sans lui - ou devrait-on dire sans elle car le métier est à 94% féminin - les communes de moins de 3500 habitants ne peuvent pas fonctionner.
Il suffit d'écouter les témoignages de maires désemparés et débordés lorsqu'ils n'arrivent pas à recruter. Et ils sont nombreux dans ce cas, à jongler entre le standard, la rédaction des actes administratifs ou des délibérations du conseil municipal, faute de postulants.
1900 postes sont vacants en France. Alors, dans les territoires, on tente de s'organiser pour attirer les candidats. En Isère, une formation permet d'apprendre le métier pendant deux mois et demi.
Dix semaines de formation
Aujourd'hui, à La Côte-Saint-André, les élèves, studieuses, apprennent par exemple ce qu'est un acte de notoriété, dans le cas d'une succession.
"C'est très varié. Quand on regarde notre programme de cours, on a aussi bien des ressources humaines que des finances, que de l'état civil", indique Aude, l'une des stagiaires.
"Elles ne connaîtront pas tout du métier au bout de dix semaines par contre elles auront des bases", estime Olivia Giusti, conseillère formation au Centre national de la fonction publique territoriale.
Ce qui plaît à Carole, une autre adulte en formation, c’est aussi "l'aptitude à la bienveillance et à l'écoute qui est très importante" dans ce métier.
Ce que j'aime, c'est la polyvalence et c'est un service public de proximité
Grégory Deschamps Galliegosecrétaire général de mairie à Champier
En recherche de sens professionnel, Grégory Deschamps Galliego est passé par cette formation en 2016. Il travaille ainsi depuis huit ans à la mairie de Champier, une ville iséroise de 1387 habitants, dont il est à présent le secrétaire général de mairie.
"On n'a jamais les mêmes journées, les journées sont toutes différentes. Ce que j'aime c'est la polyvalence et c'est un service public de proximité. On est un maillon essentiel de ce service public et on est vraiment en binôme avec le maire sur toutes les affaires de la commune", raconte-t-il.
Des variations de statuts et de salaires
Venu de la sphère privée "où vous êtes soumis à une certaine rentabilité", il a opté pour cette reconversion. "Notre recherche, ici, c'est la satisfaction de l'administré. Donc c'est aussi très gratifiant", estime-t-il.
Le métier est "gratifiant" mais jusqu'ici peu valorisé, à la fois en termes de visibilité que de reconnaissance financière. Car il n'existe pas d'uniformité dans la rémunération.
Certains sont employés comme adjoints administratifs territoriaux (agent de la fonction publique de catégorie C), d'autres comme rédacteurs territoriaux (catégorie B) ou encore comme attachés territoriaux (catégorie A).
Les secrétaires de mairie touchent donc des salaires allant de 1750 à 2480 euros bruts mensuels d'après le rapport de la commission des lois (voir grille ci-dessous).
Rendre ce métier de proximité plus attractif
Pour accroître l'attractivité du métier, une loi a été votée le 30 décembre dernier, permettant ainsi aux secrétaires de catégorie C, actuellement en poste, de passer au statut supérieur. "L’obligation de recruter des secrétaires de mairie à des emplois relevant de la catégorie B au moins entrera en vigueur au 1er janvier 2028", stipule le texte.
Isabelle Singh, chargée d'attractivité de l'emploi public territorial, insiste, quant à elle, sur l'emploi de proximité.
"Ça peut répondre au besoin d'avoir un emploi près de chez soi. Aujourd'hui, c'est un levier de motivation pour les personnes, on connaît le coup de la mobilité en termes d'organisation personnelle et professionnelle donc ça répond à un besoin à la fois des collectivités mais aussi des demandeurs d'emploi du territoire", estime-t-elle.
Quoi qu'il en soit, il y a urgence à agir pour les autorités car ce métier déjà en tension va connaître dans les prochaines années des départs à la retraite massifs. 60 % des secrétaires de mairie ont plus de 50 ans.