La fin du dernier épisode de canicule marque le retour de la galère pour six familles sans-abri à Grenoble. Hébergées en urgence depuis le début de la semaine dans un hôtel à Voreppe, près de Grenoble, elles ont été remises à la rue tôt le matin du lundi 29 juillet.
Leur répit aura duré six petits jours, le temps d'une canicule qui leur a donné droit à un toit temporaire. Originaires du Maghreb, d'Europe de l'Est et d'Afrique de l'Ouest, des familles avec des enfants parfois très jeunes ont retrouvé le pavé grenoblois après un réveil brutal, lundi 29 juillet.
"Nous sommes dans la rue depuis le 27 avril. On appelle quotidiennement le 115, le matin et la nuit, pour qu'ils viennent nous donner à manger, témoigne Fatiha, une maman algérienne. Pendant la canicule, on a été hébergés à l'hôtel à Voreppe. Il était prévu qu'on quitte l'hôtel lundi à 8h30 alors à 6 heures, ils nous ont demandé de partir." Selon la préfecture de l'Isère,"cet hébergement ne se justifiait plus" pour les 24 personnes expulsées étant donné que l'alerte canicule a été levée, une semaine après la mise en place de ce plan d'hébergement exceptionnel.
Appel à l'Etat
Les associations d'aide aux réfugiés dénoncent cette remise à la rue. "On a l'impression qu'ils jouent l'épuisement des solidarités et l'attente que tout le monde se révèle complètement impuissant", regrette Martine François, membre du Réseau éducation sans frontières. Lors du précédent épisode caniculaire, le 26 juin, la mairie de Grenoble avait mis à l'abri une partie des familles qui campaient dans le quartier Berriat. Cette fois, elle en appelle à l'Etat.
"Oui, la semaine dernière il faisait 39°C, aujourd'hui il ne fait que 29°C à Grenoble, mais ce n'est pas ça qui compte. Ce qui compte, c'est que ces personnes sont en situation de détresse et on doit pouvoir agir vis-à-vis d'elles, estime Alain Denoyelle, adjoint à la Ville de Grenoble chargé de l'action sociale. On a mis en place des dispositifs, on a montré qu'il y avait des choses possibles et on demande à l'Etat de prendre ses responsabilités."
"Toutes ces personnes sont actuellement soit en situation irrégulière, soit déboutées de leur demande d’asile, et n’ont donc pas vocation à occuper un hébergement perenne sur le territoire français, où elles séjournent actuellement sans droit ni titre", argumente le préfet, soulignant "les efforts considérables fournis par les services de l’État dans le département afin d’assurer un hébergement ou un logement aux personnes vulnérables". Déboutées du droit d'asile, ces 24 hommes, femmes et enfants dormiront à nouveau dans la rue cette nuit.